L'inspecteur médical de la marine américaine, M. C-T. Hibbett, se demande, dans un article du Military Surgeon, ce que la flotte doit faire de ses tuberculeux? La question est importante, car, plus encore qu'à l'armée, la présence, sur un navire, d'un porteur de contagion tuberculeuse, est un danger sérieux pour son entourage, vu l'encombrement et l'air confiné des dortoirs à bord des navires et vu les fatigues du métier de marin.

Au mois d'avril 1911, comme la situation du Maroc paraissait s'aggraver et faire entrevoir la possibilité d'une reprise des opérations militaires, la Société française de secours aux blessés offrit au Ministre de la guerre le concours de ses infirmières. Le Ministre répondit d'abord qu'il acceptait la mise à la disposition éventuelle du Directeur du service de santé de la division d'Oran, d'une équipe de 12 dames infirmières de la Société, en vue d'utiliser leur concours dans les établissements et formations sanitaires de la province d'Oran et des confins algéro-marocains. Puis trois jours après, le Ministre envoyait l'ordre de mobilisation pour ces 12 infirmières, qui devaient partir dès le 2 mai.

Ainsi que nous l'annoncions dans notre dernier Bulletin la Société française a publié un compte rendu complet dû à la plume de son secrétaire général, M. de Valence, et abondamment illustré, de l'ensemble de l'organisation de secours, qui a déployé, au cours des inondations de 1910, ses effets salutaires à Paris et en province.

Dans notre dernier Bulletin, nous annoncions la mort de la comtesse Foucher de Careil, la présidente de l'Association des Dames françaises. Aujourd'hui, c'est l'Union des Femmes de France qui est dans le deuil. Elle pleure sa présidente-fondatrice, Mme Kœchlin-Schwartz, celle qui, originaire d'Alsace, fut à la France une de ses filles les plus passionnément dévouée, comme l'a dit justement M. le Dr Bouloumié, celle qui a mis son ardent amour pour son pays à le relever au lendemain de la guerre de 70, celle qui, pensant que la femme se doit à la patrie comme le soldat à l'armée, fonde l'Union des Femmes de France, et par son patriotique enthousiasme conquiert à cette société et par elle à la Croix-Rouge française la popularité et le prestige dont elle jouit aujourd'hui.

A la suite du décès de Mme la Comtesse Foucher de Careil, sa vénérée présidents pendant les trente dernières années, l'Association des Dames françaises a appelé, dans la séance de son conseil du 31 mars 1911, Mme l'amirale Jaurès, à la présidence, et Mme Ernest Carnot, à la vice-présidence.

Des critiques, des plaintes mêmes, se sont produites centre l'activité de certaines entreprises de la Croix-Rouge, celles-ci ayant été considérées comme portant atteinte aux intérêts de la profession médicale. Notre intention n'est pas de prendre part à un débat qui n'a qne faire dans les pages du Bulletin; du reste le différend n'aura plus de motif de durer si les institutions créées en vue de la formation du personnel de la Croix-Rouge limitent strictement leur activité à des œuvres d'assistance aux militaires ou aux malades indigents; dans ces conditions, elles ne sauraient, sans doute, rencontrer que l'approbation générale et l'appui du corps médical unanime.

Dans un article du Caducée le Dr Arnaud rappelle que, dans l'antiquité déjà, des corps à cheval furent employés, entre autres fonctions, au relèvement des blessés. Plus tard, certaines armées ont recouru pour le même but à des contingents montés et, récemment, l'Angleterre a créé, dans la Nouvelle-Galles du Sud, une compagnie de brancardiers à cheval, spécialement destinée aux malades et aux blessés des troupes montées. On y utilise l'ingénieuse selle du modèle Hathaway qui a figuré et a été très appréciée lors du concours Marie-Féodorowna, à Londres, ainsi que des brancards articulés pour les chevaux de bât. M. le Dr Arnaud préconise, avec raison, ce mode de formation sanitaire très mobile et pense qu'organisés en «ambulance d'évacuation» ces contingents montés rendraient les plus grands services sur les champs de bataille modernes, au front si étendu, en permettant de se porter facilement sur les points les plus éprouvés. Ces mêmes formations contribueront après le combat, aux transports jusqu'aux trains-ambulances. L'auteur voudrait en voir faire l'essai avec le matériel existant et avec des chevaux et des hommes du train spécialement exercés à cet.effet. L'idée paraît heureuse à bien des points de vue et il en pourrait résulter plus d'unité et de rapidité d'action dans la tâche si complexe du service de santé en campagne.

L'entreprise intéressante de doter les services sanitaires de chiens dressés à la recherche des blessés, vient de faire un pas en avant, très encourageant, en France, par la création, décidée par le Ministre de la guerre, d'un chenil militaire, avec la coopération de la Société nationale du chien sanitaire. Ce chenil, installé à Fontainebleau, a été placé sous la direction du capitaine Tolet.

Une innovation ingénieuse dans le domaine des secours à proximité des champs de bataille est proposée, dans le Caducée, par MM. Ravenez et Kohl. L'obligation de procurer un abri, après un combat, à un grand nombre de blessés et la portée des armes nouvelles rendant aléatoire, à cet égard, les bâtiments pouvant se trouver sur place, la question du matériel à préparer pour ce but était aussi difficile qu'importante. Les auteurs ont eu l'heureuse idée de chercher, dans les approvisionnements de réserve même, les appareils utilisables à cet égard, et ils ont trouvé que le brancard règlementaire actuel pourrait facilement et rapidement être transformé en tente-abri: deux brancards servent à cet effet, les quatre hampes formant les fermes, les toiles fournissant les parois et les bretelles réalisant les cordeaux de tirage.

Nous avons indiqué plus haut le procédé proposé en Autriche par le Dr Weissenstein pour alimenter la troupe d'eau potable stérilisée par l'ébullition, ainsi que le procédé de stérilisation à la lampe «uviol» du Dr Deeleman en Allemagne.

Le Bulletin a publié, en janvier 1907, un mémoire fort intéressant du capitaine sanitaire Dr Daae, de Christiania, sur l'emploi des skis comme brancards ou traîneaux à l'usage des blessés.

Le Comité de Tokio a bien voulu répondre à la demande que nous adressions au pied de la liste des présidents et secrétaires des Comités centraux, publiée en janvier 1911, et nous signaler une omission.

M. le Dr Hans Daae, de Christiania, s'est livré récemment à des essais de tir sur des cadavres avec un nouveau projectile évidé: la balle Krag de 11mm40, assez analogue à la balle suisse de Hebler, évidée aussi. Ce genre de projectile a été critiqué parfois comme présentant les effets gravement nocifs des balles explosibles; or les expériences du Dr Hans Daae aboutissent à une conclusion toute différence: «Rien, dit-il, dans tout ce que nous venons de voir, ne saurait faire classer ce projectile évidé dans la catégorie des projectiles condamnés par les règlements humanitaires internationaux».

Cet espace de deux aunées représente pour la Société saxonne une période de développement normal et tranquille, pendant laquelle elle a satisfait aux obligations dont le service sanitaire officiel attendait d'elle l'accomplissement.

Le rapport annuel de la direction de la Société suisse passe rapidement en revue les événements qui ont marqué l'année 1910 et dont nous avons, au fur et à mesure, fait mention dans le Bulletin.

Le 11 mars 1911, à l'assemblée générale de la Société, Mme Aurélie Ramos de Sagarra, présidente, a présenté sur l'activité de la Croix-Rouge uruguayenne pendant les années 1908, 1909 et 1910, un mémoire que nous résumons comme suit:

La Société de la Croix-Rouge de l'Uruguay poursuit sa marche en avant dans sa grande et noble tâche. Elle dispose du personnel, des fonds et du matériel nécessaires, dans la capitale et dans les départements, pour pouvoir faire face à toute catamité. Elle jouit d'un crédit illimité dans le domaine de la charité publique; son autorité et son prestige croisserit à mesure qu'elle compte plus d'années d'existence.