Le temps des synthèses paraissait clos. L'histoire nouvelle était avant tout monographique. Voilà que le livre de Paul Veyne vient nous rappeler qu'il y a encore place dans l'histoire universitaire pour une certaine aventure conceptuelle. Son travail surgit dans une province reculée peu ouverte aux influences extérieures, enfermée dans ses traditions. Si l'érudition pèse encore de tout son poids, c'est bien en histoire ancienne. Et pourtant Veyne attaque sur tous les fronts, il se collette avec la méthode, s'empoigne avec le vieil héritage marxiste, s'attrape à la sociologie allemande. La diversité même de ses intérêts, l'immense et sélective culture qu'il convoque permet aux uns et aux autres de trouver dans son travail un complice aussi inattendu que brillant. L'art de l'allusioneffusion, de la provocation et de la fuite déployé dans Comment on écrit l'histoire trouve un terrain plus vaste dans Le pain et le cirque.