Albert n'était pas un homme ordinaire. Absorbé dès son enfance dans des travaux purement manuels, il n'avait pu donner beaucoup de temps à la culture de son esprit ; mais je m'aperçus bien vite qu'il avait une intelligence vive, un jugement sain et un bon sens sur lequel ne pouvaient rien, ni les apparences les plus brillantes ni les artifices de l'éloquence la plus raffinée. Il parlait peu mais toujours à propos. Quel soin il prit de s'effacer ! et avec quelle généreuse sollicitude il s'étudia à détourner sur moi le bénéfice de son influence (…)
Et cette abnégation était d'autant plus admirable qu'elle avait sa source dans un attachement illimité à la cause que je servais et qu'il croyait juste. Louis Blanc, Histoire de la Révolution de 1848, t. 1, p. 141.
En 1848, l'adoption du suffrage universel masculin fait naître une commission chargée d'interroger les candidats ouvriers à la candidature. En 1864, le Manifeste des 60 plaide avec vigueur contre la non-représentation parlementaire des classes laborieuses. La création du parti ouvrier en 1879-1880 peut s'analyser pour une part comme la tentative faite par des élites ouvrières pour établir à leur profit le monopole de la représentation politique légitime des ouvriers : « l'émancipation des travailleurs » sera bien « l'œuvre des travailleurs eux-mêmes », ainsi que le proclame l'adresse inaugurale de la Ire Internationale. Mais cette prétention ne va pas de soi.