La Croix rouge placée au frontispice de ce Bulletin, est un emblême trop familier aux membres des sociétés qui le publient, pour qu'il soit nécessaire de leur en rappeler ici la signification. Mais ce n'est pas à eux seulement que s'adresse ce nouveau recueil. Tout en servant au perfectionnement de l'œuvre à laquelle il est consacré, il doit être un instrument de propagande en sa faveur. Dès lors il est prudent de prévoir le cas où des personnes que nous voudrions gagner à notre cause ne la connaîtraient qu'imparfaitement, et de les mettre, par un court préambule, au fait de ce dont il s'agit.

«La création d'un Bulletin international, spécialement consacré à l'œuvre des secours aux militaires blessés, après avoir été proposée à Paris en 1867, étudiée par le Comité international dans son mémoire du 20 juin 1868, a été résolue par la Conférence de Berlin, le 27 avril 1869, dans les termes suivants:

«La conférence regarde comme indispensable la création d'un «journal, qui mette en rapport les Comités centraux des divers pays, «et porte à leur connaissance les faits, officiels et autres, qu'il leur «importe de connaître.

Le Comité international a adressé à Messieurs les Présidents et les membres des. Comités centraux dans les divers pays, la circulaire suivante:

«Messieurs,

«Le Comité international n'avait pas attendu, pour s'occuper de la ratification des articles additionnels à la Convention de Genève, que la Conférence de Berlin la déclarât extrêmement désirable. Mais, depuis ce vote solennel, il a renouvelé ses démarches et ne négli e aucun des moyens en son pouvoir pour hâter l'heureuse issue des négociations.

A la demande du Comité central néerlandais, le Comité international a fait savoir à tous les Comités centraux qu'une exposition de matériel sanitaire aurait lieu à La Haye le 1er septembre 1869, et les a invités à seconder les efforts de la Hollande. «Si les Sociétés de secours, a-t-il dit dans sa circulaire du 1er juillet, doivent s'entr'aider en temps de guerre, à plus forte raison doivent-elles faire preuve des sentiments fraternels qui les animent, dans les occasions qui leur sont offertes, en temps de paix, de se prêter une mutuelle assistance.»

La propagande en faveur des principes de la Convention de Genève, ne comporte pas seulement leur vulgarisation au sein des armées et un enseignement populaire; elle doit aussi pénétrer dans le monde des jurisconsultes qui s'occupent du droit international, et dont les opinions, à défaut de lois positives, consacrent les usages que les nations civilisées se croient tenues de respecter. C'est ce qui a engagé le Comité international à nantir de ce sujet l'un des corps savants les plus justement renommés, l'Institut de France. Un homme profondément versé dans la connaissance du droit des gens, M. Eugène Cauchy, membre de l'Académie des sciences morales et politiques, a bien voulu se charger de ce soin, et, le 15 mai dernier, il a entretenu ses illustres collègues de la neutralité consacrée par les Conventions de 1864 et de. 1868. Ces traités ont été de sa part l'objet d'une approbation sans réserve, et il a fait ressortir éloquemment la portée des progrès humanitaires qu'ils ont réalisés.

Quoique depuis quelques années ont ait beaucoup écrit au sujet de la Convention de Genève, cette pierre angulaire des Sociétés de secours aux militaires blessés, cependant, tout n'a pas encore été dit sur ce précieux traité. La polémique dont il a été l'objet dans quelques journaux, les rapports sommaires faits au sein de tel ou tel comité, les rapides aperçus donnés par certains auteurs, laissent encore subsister dans la littérature qui s'y rapporte des lacunes regrettables. Les personnes intéressées ou engagées à l'observation de la Convention, chercheraient en vain des ouvrages spéciaux qui les renseignent exactement sur les droits et les devoirs qui en découlent pour elles. On sent le besoin de livres ad hoc qui, sous des formes multiples, appropriées à diverses classes de lecteurs, répandent les connaissances nécessaires pour assurer la pleine observation et l'efficacité de la Convention. Les officiers, les soldats, le personnel sanitaire, les populations voisines ou éloignées du théâtre de la guerre, forment autant de catégories de personnes auxquelles devraient s'adresser les hommes de plume, pour leur exposer, à chacune dans le langage qui lui convient, ce fonds d'idées et de sentiments humanitaires qu'il est si urgent de faire pénétrer dans les esprits et dans les cœurs.

Nous extrayons ce qui suit du procès-verbal de l'assemblée générale de la Société prussienne de secours aux militaires blessés et malades en campagne, du 12 juin 1869:

Le Comité central a premièrement présenté son rapport sur l'administration des fonds pendant l'année 1868. Il a accusé une recette de 10,052 thalers et une dépense de 6,360 thalers; puis, outre un fonds de 110,700 thalers en titres de rente sur l'Etat, un en caisse de 3,922 thalers. Les dépenses courantes se rapportent principalement, outre les frais d'administration, aux assistances à fournir aux militaires de la campagne de 1866, non encore rétablis, assistances consistant en frais de cures dispendieuses et de voyages aux bains d'eaux minérales; elles ont atteint pendant cette année un chiffre qui dépasse de beaucoup celui de l'année précédente.

Dans l'article précédent, nous avons dit que la Convention du 20 avril 1869, pour l'organisation générale des Sociétés de secours de l'Allemagne, a été ratifiée par la Société prussienne, postérieurement à la Conférence de Berlin, et qu'elle l'a été également de la part des autres parties contractantes. Il est donc opportun de donner le texte de ce document, qui, à notre connaissance du moins, n'a été publié jusqu'à présent qu'en langue allemande.

On sait que, sur la proposition de M. le Dr Steinberg, médecin général de la marine prussienne, la Conférence de Berlin adopta le vœu suivant: «Les puissances qui ont adhéré à la Convention de Genève sont priées de s'entendre sur le choix d'un signal de détresse (pavillon jaune?) indiquant le naufrage ou l'incendie d'un vaisseau,» afin que, pendant la durée d'un combat, les bâtiments hospitaliers et les embarcations de sauvetage soient avertis du danger qu'il court, et mis en demeure de lui venir en aide.

Les procès-verbaux de la Conférence internationale, qui a siégé à Berlin au mois d'avril 1869, viennent d'être publiés en allemand par les soins du Comité central prussien. Leur traduction française s'achève en ce moment et paraîtra très-incessamment. A la suite des protocoles se trouvent les notices historiques présentées à la Conférence par les Comités de presque tous les pays, et dont la plupart n'ont pu être lues pendant le cours de la session. Ce volume contient de la sorte une foule de renseignements du plus grand intérêt, et sert en quelque sorte de préface au Bulletin international, puisqu'on y trouve le récit de tout ce qui s'est passé depuis l'origine de l'œuvre, jusqu'à la Conférence que nous avons prise pour point de départ de ce recueil.

Discours prononcé à la première assemblée générale de la Société pour le soin des militaires blessés et malades de la ville et du district d'Altona, réunie le, 21 juin 1869, par le Dr H. Niese. — Br. in-80 de 16 pages (en allemand).

L'auteur commence par rappeler en quelques pages quels sont la nature, le but, et quel a été jusqu'ici le développement historique de l'œuvre en question.

L'apparition d'un nouveau recueil périodique, spécialement consacré aux intérêts de la santé publique, doit être signalé aux Sociétés de secours aux blessés, dans un moment où plusieurs d'entre elles se proposent de diriger de ce còté leur activité en temps de paix. M. le professeur et docteur Charles Reclam, de Leipzig, rédige, depuis le mois de mai 1869, une Publication trimestrielle allemande d'hygiène publique, patronnée par la Société des naturalistes et des médecins allemands, et publiée par MM. le Dr Göttisheim, à Bâle, — Hobrecht, architecte de la ville, à Stettin, — professeur C. Reclam, à Leipzig, — Dr G. Varrentrapp, à Francfort S. M. — Dr Wasserfuhr, à Stettin.

Dans son septième rapport, le Comité de Linz constate peu de changements quant à son activité et à sa situation. Son occupation principale est actuellement l'assistance des invalides. Trente de ceux-ci, qui sont incurables, reçoivent des pensions variant de 20 à 72 florins, mais généralement de 50 florins. Les invalides assistés temporairement sont moins nombreux, et absorbent une portion relativement faible des ressources du Comité.

Il y a peu de temps qu'une brochure, intitulée: Le premier secours en cas de blessures et d'autres accidents, a été publiée par le Dr de Corval, médecin-major au service du grand-duché de Bade. La tâche que l'auteur s'est proposée, se borne à donner les renseignements indispensables à tous ceux qui, soit par leur position, soit par leur dévouement humanitaire, peuvent se trouver le plus fréquemment dans le cas de porter secours. Son petit ouvrage est écrit surtout en vue des militaires et des personnes destinées à soigner les blessés et les malades en temps de guerre; mais, en même temps, il doit servir de guide pour tous les accidents quelconques. Les sapeurs-pompiers, les employés de chemins de fer, les maîtres d'école à la campagne, y trouveront les directions nécessaires pour assister les victimes au premier moment, jusqu'à ce que le médecin soit arrivé. L'opinion publique commence à apprécier les intentions de l'auteur, car il y a déjà deux directions de chemins de fer allemands qui ont adopté Le premier secours pour l'instruction de leurs employés. Le Dr de Corval limite son enseignement à ce qui est de nécessité absolue, et évite de conseiller ce qui doit être réservé à l'intervention du médecin, sous peine d'en compromettre le succès.

Le gouvernement belge s'étant fait représenter à la Conférence de Berlin par MM. Auguste Visschers, conseiller au Conseil des mines, et le Dr Merchie, inspecteur général du service de santé de l'armée, a reçu d'eux, sur leur mission, un rapport qui résume très-fidèlement les travaux de cette assemblée. La publication de ce document est une nouvelle preuve de l'intérêt que les autorités de la Belgique prennent à l'œuvre des secours aux blessés, et nous espérons qu'elle sera un encouragement pour la Société de ce pays, qui, depuis la mort de son regretté président, le Dr Uytterhœven, n'a guère manifesté son existence que par la publication du journal: La Charité sur les champs de bataille. Cette feuille, rédigée maintenant par M. le Dr van Holsbeck, secrétaire du Comité de Bruxelles, vient d'entrer au mois de juillet dans sa cinquième année.

Les événements politiques dont l'Espagne est actuellement le théâtre, n'ont pas permis au Comité central de Madrid d'achever et de régulariser l'organisation de l'œuvre dans ce pays. Contraint d'ajourner le déploiement de son activité, il attend avec confiance que les circonstances lui permettent d'agir avec quelque chance de succès. Telle est du moins la substance d'une lettre adressée, le 15 juillet 1869, au Comité international, par l'honorable président du Cómité espagnol, don Manuel Catala de Valeriola.

Le président de l'Association américaine, le Dr Bellows, a fait parvenir, le 23 juillet, au Comité international, l'expression de ses regrets de ce qu'aucun délégué de sa nation n'avait pu prendre part à la Conférence de Berlin. L'éloignement où se trouve le Comité de New-York de tous les centres européens, le soustrait à l'influence du mouvement général qui se produit actuellement dans l'ancien monde en faveur des militaires blessés. Il semble aussi qu'après l'activité colossale déployée, pendant la guerre civile, par la Commission sanitaire, une sorte de lassitude se soit emparée des amis de cette œuvre. Cette réaction naturelle est regrettable, moins peut-être pour les Etats-Unis, qui savent par expérience sur quelles ressources, quelle habileté, quel dévouement, ils peuvent compter de la part de leurs citoyens, en cas de malheur, que pour les autres peuples privés de la sorte des lumières qui pourraient leur venir d'outre-mer.

Le compte rendu de l'Assemblée générale de la Société française, réunie sous la présidence de M. le général comte de Goyon, sénateur, le 8 juillet 1869, vient de faire l'objet d'une brochure in-80 de 120 pages, dont nous espérons pouvoir donner une analyse dans le prochain Bulletin.

La Guerre et l'Humanité au XIXe siècle, par Léonce de Cazenove, docteur en droit, secrétaire général du Comité de Lyon, etc.

Statistique médico-chirurgicale de la campagne d'Italie en 1859 et 1860, par le Dr J.-C. Chenu, médecin principal d'armée. — Paris. Dumaine, 1869. 2 forts volumes in-40 et un atlas.