La préhistoire fait fonctionner l'imaginaire. Parce qu'on ne voit pas les sujets dont on parle, certes. Mais aussi parce qu'il s'agit d'origines, d'ancêtres, pour toute l'humanité ou pour tel groupe humain. Dans la crise actuelle de l'édition, on sait que les livres d'archéologie et d'histoire sont, parmi les sciences humaines, ceux qui se vendent le mieux. Devenir archéologue est, au niveau de l'imaginaire des vocations, en projet ou en regret, infiniment plus chargé que devenir ingénieur, électronicien ou médecin. Un film de préhistoire consacré à la « guerre du feu » fut, il y a quelques mois, un des succès cinématographiques de l'année. On sait aussi que la préhistoire, ne serait-ce que par sa contestation radicale de l'enseignement biblique et par le caractère fragmentaire et très progressivement dévoilé de ses objets d'étude, a eu, plus que d'autres sciences, une histoire mouvementée. Rien qu'au cours des quinze dernières années, l'ancienneté de l'homme vient encore de reculer de plusieurs millions d'années.