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L'Instruction des Marchands au Moyen Age

Published online by Cambridge University Press:  25 October 2017

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Tout commerce quelque peu développé suppose nécessairement, chez ceux qui s'y adonnent, un certain degré d'instruction : on ne le conçoit pas sans la pratique tout au moins de la correspondance et du calcul. Il arrive évidemment que la passion du gain servie par le génie des affaires suffise, grâce à la faveur des circonstances, à pousser çà et là un illettré à la fortune. Chacun en pourrait citer des exemples. Mais ces exemples ne prouveraient rien. Dans une époque de développement économique avancé, l'ignorance du parvenu n'est que très relative. Il supplée, par les collaborateurs qu'il emploie et qu'il dirige, aux connaissances qui lui font défaut.

Type
Research Article
Copyright
Copyright © Les Éditions de l'EHESS 1929

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References

page 13 note 1. Voir dans Le curé de campagne, de Balzac, l'histoire des Sauviat. Dans des conditions très différentes, quantité d'illettrés se sont enrichis pendant la guerre.

page 14 note 1. Pibenne, H., Les villes dumoyen âge, Bruxelles, 1927, p. 27 Google Scholar et suiv. Rien ne serait plus instructif qu'une étude détaillée sur les soi-disant marchands de l'époque de stagnation économique du VIIIe au XIe siècle.

page 14 note 2. Sombart, W., Modernes Kapitalismus, t. I, 4e édition, p. 295 Google Scholar. — On trouvera dans l'ouvrage récent de Fritz Rörig, M., Hamsische Beiträge zut Deutschen Wirtschaftsgeschichte, Breslau, 1928, p. 191 Google Scholar, 219, 234, d'excellentes remarques sur l'impossibilité d'admettre que le commerce des villes hanséatiques ait été pratiqué par des marchands illettrés. Davidsohn, , Geschichte von Florenz, t. I, p. 807 Google Scholar, considère que, dès le XIe siècle, le commerce florentin est trop développé pour ne pas avoir exigé de ceux qui le pratiquaient un certain degré d'instruction. Cf. encore von Ebengreuth, A. Luschin, Wiens Münz-wesere, Handel und Verhehr im spaieren Mittelaltèr, Vienne, 1902, p. 106, 107Google Scholar.

page 15 note 1. Sur le peu que l'on sait de l'instruction des marchands avant le XIIIe siècle, voir Schaube, A., Handelsgeschichte der Romanischen Völier des Miltelmeer gebiets bis zum Ende der Kreuzzilge, p. 109 Google Scholar.

page 15 note 2. Il suffira de renvoyer pour ceci au beau livre de N. Rostovtzeff, The social and économie history of the Roman Empire.

page 16 note 1. On trouvera la bibliographie relative à cette diaspora syrienne, rassemblée dans F. Cumont, Les religions orientales dans l'Empire romain, 3e édit., en. V, notes 4 et suiv.

page 16 note 2. Cf. A. Dopsch, Wirtschaftliche und soziale Grundlagen der EuropäKulturentwicklung, Vienne, 2 vol., 1918. Au fond, M. Dopsch en revient, encore que par un chem in différent, à la thèse de Fustel de Coulanges en ce qu'elle a d'essentiel. Pas plus que lui, il n'admet que l'invasion germanique ait radicalement changé l'ordre des choses existant à la fin de l'Empire romain.

page 16 note 3. Je suis obligé de renvoyer provisoirement le lecteur aux quelques travaux où j'ai donné, en attendant une étude plus approfondie, les motifs qui me portent à considérer l'économie des royaumes de l'Europe Occidentale avant l'invasion musulmane, comme la continuation de l'économie de l'Empire romain. Voir là-dessus mes articles : Mahomet et Charlemagne (Revue belge de philologie et d'histoire, t . I) et Un contraste économique, Mérovingiens et Carolingiens (Ibid., t. II), ainsi que mon livre Les villes du moyen äge, p. 11 et suiv.

page 17 note 1. Pirenne, H., Le commerce du papyrus dans la Gaule mérovingienne (Comptes rendus de l'Académie des Inscriptions, 1928, p. 178 Google Scholar et suiv.).

page 17 note 2. Cf. plus haut, p. 16, n. 3.

page 20 note 1. Dans les langues slaves, c'est le mot « diacre » qui a subi l'évolution. Le vocable est autre, le phénomène est identique.

page 20 note 2. Espinas, G. et Pirenne, H., Les coutumes de la gilde marchande de Saint-Omer (Le moyen Age, 2e série, t. V, 1901, p. 190 Google Scholar et suiv). Le texte de ces coutumes est antérieur à 1083. Le notaire y est mentionné au § 24 : « Si quis gildam emerit, juvenis vel senex, priusquam in cartula ponatur, 2 denarios notario, decanis vero duos denarios ». Le § 25 montre encore le notaire mangeant avec les doyens, aux frais de la gilde « in thalamo gildalle». Il faut remarquer que le règlement de la gilde ou charité de Valenciennes au xne siècle, parle d'un chancelier dont les attributions sont analogues à celles du notaire de Saint- Omer. Voy. Caffiaux, H. (Mém, de la, Soc. des Antiquaires de France, 4e série, t. VIII, p. 25 Google Scholar et suiv). A Venise, où l'instruction était évidemment bien plus répandue parmi les marchands qu'elle ne l'était dans le Nord, on voit, au commencement du XIIe siècle, chaque bateau avoir à bord un notarius. Heyhen, R., Zur Entstehung des Kapitalismus in Venedig, Stuttgart, 1905, p. 82 Google Scholar.

page 20 note 3. Ex gestis Sanctorum Villariensium (Mön. Germ. Hist. Script., t. XXV, p. 232) : « cum litterarum studiis esset traditus, ea de causa ut patris debita sive commercia stylo disceret annotare, miro modo proficere studuit etc. »

page 21 note 1. Le texte nous apprend qu'il appartint à l'Ordre de Citeaux pendant vingt-six ans. Mais il ne nous dit pas quand il y fut reçu.

page 21 note 2. Je traduis ainsi le fameux texte bien connu dans l'École : « Homo mercator vix aut nunquam potest Deo placere. »

page 22 note 1. « Quicunque burgensis liberos suos seu alios de familia sua manentes in domo propria per clericum suum in domo sua erudiri voluerit, hoc ei licebit, dummodo alios discipulos sub isto praetextu una cum praedictis ipsi clerico non liceat erudire. » Warnkoeniggheldolf, , Histoire d'Ypres, Paris, Bruxelles, 1864, p. 370 Google Scholar. On voit que le texte fait allusion à une pratique courante et sans doute déjà fort ancienne.

page 22 note 2. Peut-être cette affirmation est-elle trop catégorique. Des recherches ultérieures lui apporteront, le cas échéant, les correctifs nécessaires. Le comté de Flandre figure en tous cas en bonne place, puisque dès le XIIe siècle, toutes ses grandes villes sont pourvues d'écoles urbaines, alors que ce n'est guère qu'au XIIIe qu'elles apparaissent dans le reste de l'Europe. Il faut naturellement excepter l'Italie. L'instruction des marchands au XIIIe siècle y apparaît tellement développée et supérieure à ce qu'elle est dans les régions du Nord, qu'on est forcé d'admettre qu'elle s'y appuie sur un long passé (Cf. Sapori, A., I mutui dei mercemti fiorentini del trecento. Rivista del diritho commerciale, 1928, p. 223 Google Scholar). Malheureusement on y aperçoit bien peu de choses des origines. Je signale à l'attention des érudits italiens la mention en 1256 à Saint-Trond de scriptores de marchands de Sienne. Voy. Pirenne, H., Lelivre de l'abbé Guillaume de Ryckel, Bruxelles, 1896, p. 335 Google Scholar.

page 23 note 1. Pirenne, H., Les villes flamandes avant le XIIe siècle (Annales de l'Est et du Nord, t. I, 1905, p. 18 Google Scholar). Il semble que le comte de Halnaut avait Introduit une organisation analogue à Valenciennes où Baudouin IV (1120-1171) fonda une école dans le château. Duvivier, C., Actes et documents anciens intéressant la Belgique, t. II, p. 205 Google Scholar.

page 23 note 2. Sur les fonctions de ces notaires, voy. Pirenne, H., La chancellerie et les notaires des comtes de Flandre avant le XIIIe siècle (Mélanges Julien Havet, p. 734 Google Scholar et suiv.).

page 24 note 1. Charte de l'archevêque Guillaume de Reims de 1179 dans Miraeus, , Opéra diplomatica, t. II, p. 974 Google Scholar.

page 24 note 2. Bulle d'Alexandre III (1166-1179) dans Lokeren, Van, Chartes et documents de l'abbaye de Saint-Pierre de Gand, t. I, p. 153 Google Scholar (avec les dates 1159-1171). Les moines prétendaient que depuis toujours (quantum in memoria hominum est), personne ne pouvait ouvrir d'école à Gand sans leur consentement. Or la « laïca violentia » y avait introduit « quandam libertatem legendi ». Ces mots montrent clairement qu'il s'agit bien d'écoles ouvertes par les bourgeois et libres de tout contrôle ecclésiastique.

page 24 note 3. Nous n'avons aucun renseignement écrit sur la conclusion de l'enquête ordonnée par le pape. Mais le fait que jamais depuis lors les moines de Saint-Pierre ne revendiquèrent plus la moindre intervention dans les écoles de la ville, prouve suffisamment qu'elle tourna contre eux.

page 24 note 4. Il est indispensable de transcrire les passages les plus caractéristiques de la charte de l'archevêque Guillaume citée plus haut n. 1 : « Karissimus in Christo filius noster Philippus Flandriae et Viromandise cornes… monstravit quod olim quasi a primo eeclesiæ S. Pharaïldis fundamento, quæ est in Gandensi oppido sita et specialis est capella Flandriæ comitis, scolæ prædicti oppidi assignatæ fuerunt uni canonicorum, ut nullus in eodem oppido sine illius assensu cui a comite scolæ assignatæ fuerunt scolas regere et gubernare praesumeret. Postmodum autem infortunio miserabili, præfato oppido penitus igne consumpto, etiam dicta ecclesia in pulverem et in cinerem redacta, cum privilegia ejusdem ecclesiæ tam de scolis praelibatis quam de eleemosynis sibi collatis fuissent in combustione et cibus ignis, multitudo civium propter arridentem sibi divitiarum abundantiam et arces domorum (cum) turribus aequipollere videbantur, ultimum modum superbiens, domino suo rebellis, contumax et insolens facta est, ut non solum in regimine scolarum transferendo verum etiam in aliis plerisque jurisdictionem sibi et dominium comitis usurparet. Cum autem ad tempora pranominati hujus excellents comitis… Ventura esset, …ecclesiam S. Pharaïldis scolis atque aliis possessionibus dotavit et ditavit. Nos vero, devotionem ipsius attendentes, …tibidilectefili Symon, scolas ab eodem comité collatas confirmamus, statuentes et sub incominatione anathematis inhibentes, ne quis sine assensu tuo et licentia, in toto Gandensi oppido vel oppidi suburbio scolas regere praesumat. » La charte est adressée « dilecto filio Simoni, Gandensi notario ». Je dois ajouter que Oppermann, M. O., Die âlteren Urhunden der Klosters Blandinium und die Anfânge der Stadt Gent, Utrecht, 1928, p. 478 Google Scholar et suiv., a rejeté comme un faux fabriqué au xm1 siècle, la charte de l'archevêque. Mais sa démonstration ne tient pas. Faute d'avoir compris la bulle d'Alexandre III, laquelle se borne à ordonner une enquête sur les prétentions de S. Pierre relativement aux écoles de Gand, il y voit la preuve que ces écoles relevaient de S. Pierre et non de S. Pharaïlde. En réalité, la charte de 1179 est de tous points authentique, et son contenu est corroboré par tout ce que nous savons de l'histoire de Gand, dont M. Oppermann n'a qu'une connaissance très défectueuse.

page 25 note 1. « Si quis in Gandavo scolas regere voluerit, sciverit et potuerit, licetei, nec aliquis poterit contradicere ». Warnkoenig-Gheldolf, , Histoire de la, Flandre et de ses institutions t. III, p. 229 Google Scholar. La charte est attribuée généralement à l'année 1192. En réalité elle est d'août-octobre 1191.

page 25 note 2. Ibid., p. 232.

page 25 note 3. Warnkœnig, , Flandrische Staats-und Rechtsgeschichte, t. II, Urkunden, I, p. 41 Google Scholar. Cette organisation en remplaça une autre un peu différente de la même année. Voy. Warnkœnig-Gheldolf, loc. cit., p. 268. Celle-ci avait pour but d'établir la transition entre les droits acquis du directeur des écoles et le régime nouveau de l'annalité des fonctions qu'il avait reçues.

page 26 note 1. Feys, et Nelis, , Cartulaire de la prévoie de Saint-Martin à Ypres, t. 1, p. 31 Google Scholar.

page 26 note 2. Waenkœnio-Ghbldolf, , Histoire d’ Ypres, p. 369 Google Scholar. Le compromis est daté du 6 novembre. Il fut certainement provoqué par la bulle d'Innocent IV, du 9 février 1253 (Ibid., p. 367) ordonnant, sur la plainte des échevins d'Ypres, de faire une enquête touchant le droit que s'arrogeait le Chapitre de S. Martin, d'excommunier les échevins à l'occasion de leurs empiétements sur les prérogatives du Chapitre en matière d'enseignement.

page 26 note 3. « Pro pactls autem rectores dictarum scolarum non poterunt exigere ab aliquo scolarium suorum ultra summam decem solidorum, qua summa erunt contenti, nec poterunt pro minutione, nec pro stramine, nec pro joncis, nec pro gallis, nec aliqua alla de causa ultra dictam summam aliquid exigere, nec de pane puerorum ailiquid accipere nec taillas in dlctis scolis facere ».

page 26 note 4. Au XIIIe siècle, il parait probable que plusieurs de ceux-ci savaient lire et écrire. Une « tendeuse aux lices » à Douai, à la fin du XIIIe siècle, s'en rapporte à ses « escris» pour revendiquer une dette. Espinas, G. et Pirenne, H., Recueil de documents relatifs à l'histoire de l'industrie drapière en Flandre, t. II, p. 190 Google Scholar. Un pareur de draps, à la même date, réclamant son salaire pour la préparation de 400 brunes, dit que « tant en avoit-11 inscrit ». Ibid., p. 201.

page 27 note 1. Duthilloeul, H. R., Douai et Lille, au XIIIe siècle, Douai, 1850, p. 26, 62Google Scholar.

page 27 note 2. Espinàs, G. et Pirenne, H., Recueil de documents relatifs à l'histoire de l'industrie drapière en Flandre, t. II, p. 188 Google Scholar.

page 27 note 3. En 1301, Jacques Le Blont de Douai avait « une huge… où 11 avolt plusieurs Chartres, pluseurs letres et pluseurs clrographes de detes con lui devoit en Brabant et ailleurs ». Espikas, G., La vie urbaine de Douai au moyen âge, t. IV, p. 6 Google Scholar.

page 27 note 4. Duthilloeul, , op. cit., p. 26 Google Scholar, 55, 74, 76, 130.

page 27 note 5. De Pauw, N., La vie intime en Flandre au moyen âge d'après des documents inédits (Bullet. de la Commission royale d'histoire, t. LXXXII, 1913, p. 1 Google Scholar et suiv.).

page 28 note 1. Je crois intéressant d'en donner le texte in extenso, comme spécimen de correspondance commerciale : « Viro provido et discreto tali, civi talis loci in Anglia, talis opidanus brugensis, salutem in Domino, et suis profectibus tam intenta sagacitate quam débita fidelitate per omnia sicut in propriis hanelare. Discretioni vestre significo quod universabona, tam per aquam quam per terram, de universis Anglie partibus Flandrie adducta, tam a duce Brabantie quam comitissa Flandrie, pertinaciter arrestantur. Idcirco discretioni vestre significo sane consulando, deprecor et exoro, quatinus omnino nulla bona transmittere presumatis versus Flandriam vel Brabantiam, donec supra mis vobis securitatis litteras transmisero spéciales». De Pauw, N., op. cit., p. 55 Google Scholar.

page 28 note 2. On en trouvera un fac-similé dans H. Pirenne, Album belge de diplomatique, planche XXXI.

page 28 note 3. Des Marez, G., La lettre de foire à, Ypres m XIIIe siècle, p. 8 Google Scholar.