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La cause de foi dans l’Inquisition espagnole

Entre droit et repentance

Published online by Cambridge University Press:  01 August 2023

Jean-Pierre Dedieu
Affiliation:
CNRS/ENS Lyon/IAOjean-pierre.dedieu@ens-lyon.fr
Gunnar W. Knutsen
Affiliation:
Université de Bergengunnar.knutsen@uib.no

Résumé

Cet article se fonde, en premier lieu, sur des manuels manuscrits produitset/ou utilisés par les inquisiteurs en Espagne pour leur usage quotidien. Ils’appuie ensuite sur les traités latins que ces manuels citent en références,qui nous ont permis d’avoir accès à l’arrière-plan théorique, théologique,pastoral et philosophique sur lequel se fondait la pratique. Nous avonségalement comparé la structure procédurale des procès originaux aux relations decause, ces rapports d’activité qui les résument où les inquisiteurs doiventjustifier leurs décisions auprès de leurs supérieurs. Nous établissons grâce àcette double voie que la « cause de foi », qui est au cœur du travailinquisitorial, doit être formalisée à deux niveaux : d’une part une procédurejudiciaire, qui commande la succession des opérations du procès ; d’autre partun niveau sous-jacent – moins visible pour un lecteur actuel, mais fortementarticulé par l’appareil conceptuel décrit par les traités latins –, qui vise àproduire, non pas une vérité judiciaire, comme le premier, mais une véritépénitentielle. Le premier niveau est répressif, une fois le délit prouvé dansles formes judiciaires. Le second niveau est intégratif, ecclésiastique et nonséculier ; il vise à réintégrer l’accusé au sein de l’Église catholique, mêmelorsque le délit d’hérésie est judiciairement établi. Les inquisiteurs jouaientsur ces deux niveaux avec souplesse, ce dont nous avions jusqu’ici du mal àrendre compte. Envisagé sous cet angle, le souci que l’Inquisition exprime sanscesse pour le bien-être spirituel de l’accusé ne peut plus être interprété commesimple hypocrisie. Le procès de foi inquisitorial, commandé par une doublelogique, est en équilibre instable, ce qui le rend particulièrement sensible auxchoix personnels, en termes techniques à l’« arbitraire », des juges. Nousconstatons qu’au fil du temps l’aspect pénitentiel prend de plus en plusd’importance au détriment de la logique purement judiciaire. De nombreux indicesindiquent qu’une double logique de ce type commande également les procèscriminels d’autres juridictions – un aspect dont la prise en compte éclaireraitsans doute le fonctionnement global des institutions de résolution des conflitsà l’époque moderne.

Abstract

Abstract

By starting from a series of practical manuscript manuals produced by Spanishinquisitors for daily use in their work, then following their references toLatin legal treatises, it is possible to gain a better understanding of thetheoretical, theological, philosophical, and pastoral underpinnings ofinquisitorial practice. Further information can be gleaned by comparing theprocedural structure of trials with the relaciones de causas,the reports that summarized those trials and justified inquisitors’ decisions totheir superiors. This double approach reveals that the inquisitorial trial offaith can be conceptualized on two different levels: the formal judicialproceedings that shaped the organizational sequence of the trial, and anotherprocess that followed a less explicit internal logic and sought to produce apenitential rather than a judicial truth. Though less evident for modern readersof the Inquisition’s archives, this second level formed a key part of thetheoretical apparatus described in the Latin treatises. The first level wasrepressive and, once the offense was proved in conformity with all judicialforms, imposed punishment. The second was integrative and ecclesiastic, andaimed to reintegrate defendants into the fold of the Catholic Church even whenfound guilty. The inquisitors mobilized these two levels with a certainflexibility that has not always been evident to historians: seen from thisangle, their expressions of interest in defendants’ spiritual well-being weremore than simple hypocrisy. The two conflictual logics nevertheless meant thatthe inquisitorial trial of faith was an unbalanced edifice that could easilysway in one direction or the other, depending on the inquisitors’ choices. Overtime, it appears that the penitential aspect of the trial took precedence overthe purely judicial dimension. There are several indications that a similardouble logic governed the criminal trials of other jurisdictions, meaning thatsuch an approach may shed a broader light on early modern institutions and theirresolution of conflicts.

Type
Le fait religieux à l'épreuve du monde
Copyright
© Éditions de l’EHESS

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References

1 Cet article participe des résultats du projet « Injecting Legality » mené dans le cadre de l’alliance universitaire européenne Arqus avec l’université de Lyon, l’université de Grenade et l’université de Bergen (2020-2021).

2 L’Inquisition espagnole (officiellement nommée, à l’époque, le tribunal du Saint-Office de l’Inquisition) était un tribunal ecclésiastique, placé sous le contrôle indirect de l’État, qui avait la responsabilité de poursuivre en justice les « hérétiques » – en l’occurrence, des chrétiens baptisés qui ne se soumettaient pas pleinement aux enseignements de l’Église catholique. Sa juridiction couvrait l’Espagne, la Sicile et la Sardaigne ainsi que les colonies espagnoles des Amériques et les Philippines. Elle était dirigée par le Conseil de l’Inquisition Suprême et Générale, dit la Suprema, présidé par un Inquisiteur général, qui était lui-même un commissaire du pape. Elle était représentée à l’échelle locale par quelque vingt tribunaux de district qui, outre une abondante correspondance quotidienne, faisaient parvenir à la Suprema de manière régulière des rapports d’activité. Les archives de la plupart des tribunaux de district ont été perdues. Les rares qui ont été sauvegardées (provenant, notamment, de ceux de Tolède, Cuenca, Mexico, des îles Canaries et de Saragosse) contiennent encore des milliers de dossiers originaux, mais ne représentent malgré tout que des épaves. Seules les relations de causes permettent de se faire une idée de l’activité globale de l’institution. Voir Bartolomé Bennassar, avec la collab. de Catherine Brault-Noble et al., L’Inquisition espagnole, xv- xixe siècle, Paris, Hachette, 1979.

3 Jaime Contreras et Gustav Henningsen, « Forty-Four Thousand Cases of the Spanish Inquisition (1540-1700): Analysis of a Historical Data Bank », in G. Henningsen et J. Tedeschi, en collab. avec C. Amiel (dir.), The Inquisition in Early Modern Europe: Studies on Sources and Methods, DeKalb, Northern Illinois University Press, 1986, p. 100-129 ; Jean-Pierre Dedieu et René Millar Carvacho, « Entre histoire et mémoire. L’Inquisition à l’époque moderne : dix ans d’historiographie », Annales HSS, 57-2, 2002, p. 349-372.

4 Au moment de la rédaction de cet article, l’EMID contenait plus de 108 000 entrées comportant des informations sur 100 000 procès du Portugal et de l’Espagne. La publication de la première version de la base de données est prévue en 2023, https://emid.h.uib.no/.

5 Peines que le droit canon portait ipso facto contre les hérétiques, même secrets : excommunication, suspension des ordres sacrés, interdit (exclusion des sacrements, y compris l’enterrement chrétien).

6 Ad cautelam peut être traduit par « par précaution » ou « au cas où ». Cette expression a engendré beaucoup de confusion et ne désigne pas une absolution ni un acquittement. En vérité, elle fait référence à la levée « par précaution » de toutes les censures ecclésiastiques encourues par le défendeur – sans pour autant les spécifier.

7 Plus de 75 % des défendeurs mentionnés dans les sources compilées dans la base de données EMID sont des hommes, aussi utilisons-nous systématiquement, dans cet article, la forme masculine.

8 Une liste complète est accessible en annexe à la fin de cet article.

9 E. William Monter leur donne le nom de « comparutions pour la forme devant le Saint-Office » lorsqu’elles s’appliquent à des renégats et des convertis au protestantisme. Cette formulation minimise l’importance de ces affaires et le fait qu’elles s’inscrivent dans la continuité d’une pratique antérieure, les très classiques procès abrégés en temps de grâce – c’est-à-dire les périodes au cours desquelles, par décision de l’Inquisiteur général, un ou plusieurs des nombreux tribunaux locaux s’abstenaient de condamner des défendeurs qui s’étaient dénoncés eux-mêmes à l’une ou l’autre des peines portées au titre de la procédure criminelle et se limitaient à des peines infligées au niveau pénitentiel. E. William Monter, Frontiers of Heresy: The Spanish Inquisition from the Basque Lands to Sicily, Cambridge, Cambridge University Press, 1990, p. 250.

10 Nous avons cependant pu voir, grâce à l’EMID, que le Saint-Office avait en réalité poursuivi au moins 15 personnes pour ce délit dans d’autres tribunaux que ceux dits compétents.

11 Il est à noter que Henry Charles Lea a trouvé des documents établissant que le secret, un élément typique du procès inquisitorial, avait pu être imposé dans certains de ces procès, même en contravention directe avec les lois locales que le tribunal était censé suivre. Nos propres recherches montrent cependant que de tels procès n’étaient habituellement pas jugés dans le secret. Henry Charles Lea, A History of the Inquisition of Spain, vol. 2, New York, Macmillan, 4 vol., 1906-1907, p. 473.

12 Sur le milieu d’origine et l’éducation des inquisiteurs, voir Julio Caro Baroja, El Señor Inquisidor y otras vidas por oficio, Madrid, Alianza Editorial, 1968 ; Kimberly Lynn, Between Court and Confessional: The Politics of Spanish Inquisitors, Cambridge, Cambridge University Press, 2013. Soulignons ici que H. C. Lea se trompait lorsqu’il affirmait que les inquisiteurs espagnols étaient des théologiens. Ce ne fut vrai que lors des toutes premières années (H. C. Lea, A History of the Inquisition…, op. cit., passim).

13 Manlio Bellomo, The Common Legal Past of Europe, 1000-1800, trad. par L. G. Cochrane, Washington, The Catholic University of America Press, 1995, p. 90-91.

14 Jean-Pierre Dedieu, « L’inquisition et le droit. Analyse formelle de la procédure inquisitoriale en cause de foi », Mélanges de la Casa de Velázquez, 23, 1987, p. 227-251, ici p. 241.

15 Pour l’Espagne, voir Johannes Michael Scholz, « Relatores et magistrados. De la naissance du juge moderne au xixe siècle espagnol », in R. Descimon, J.-F. Schaub et B. Vincent (dir.), Les figures de l’administrateur. Institutions, réseaux, pouvoirs en Espagne, en France et au Portugal, xvie- xixe siècle, Paris, Éd. de l’EHESS, 1997, p. 151-164. En France, un juge se chargeait spécialement, dans les faits, du suivi du dossier et endossait la fonction de rapporteur auprès de ses collègues assemblés qui prononçaient plus tard la sentence. Voir, par exemple, J. H. Shennan, The Parlement of Paris, Londres, Routledge, [1968] 2021.

16 María Paz Alonso Romero, El proceso penal en Castilla, siglo xiii-xviii, Salamanque, Ed. Universidad de Salamanca, 1982, p. 260-262 ; Pablo Pérez García, « Perspectivas de análisis del proceso penal en el Antiguo Régimen. El procedimiento ordinario de Valencia Foral (ss. xvixvii) », Clío & Crímen. Revista del Centro de historia del crimen de Durango, 10, 2013, p. 35-82, ici p. 77. D’autre part, Nuria Verdet Martínez a montré que Francisco Jerónimo de León, un juge de la Haute cour civile du Royaume de Valence, avait utilisé ses propres sentences pour débattre de points de droit dans ses écrits théoriques : par conséquent, il y exposait, en profondeur les motifs de ses sentences, ce qu’il ne faisait pas, par écrit du moins, lorsqu’il agissait en tant que juge dans les procès. Nuria Verdet Martínez, « Francisco Jerónimo de León. Cultura política y práctica administrativa en la Valencia de los Austrias menores », thèse de doctorat, université de Valence, 2014, p. 90-111.

17 M. Bellomo, The Common Legal Past of Europe…, op. cit., p. 97.

18 H. C. Lea, A History of the Inquisition…, vol. 2, op. cit., p. 482. L’expression est répétée à de nombreuses reprises dans les quatre volumes.

19 Tiberio Deciano, Tractatus criminalis D. Tiberii Deciani utinensis, comitis, equitisque, ac celeberrimi juris utriusque consulti… duobusque tomis distinctus, omnibusque plane cum in foro, tum in scholis versantibus, non minus necessarius quan utilis…, Turin, apud haeredem Nicolai Bevilaquae, 1593, vol. 1, lib. 5, chap. 20, Haeresis specialia, §41, fol. 208v.

20 Prospero Farinaccio, Tractatus de haeresi, in quo per questiones, regulas, ampliationes, limitationes quidquid jure civili et canonico, quidquid Sacris Consiliis, Summorumque Pontificum constitutionibus sancitum et communiter in ea materia receptum, quidquid denique in praxi servandum, brevi methodo illustratur, cum argumentis, summariis et indice locupletissimo, Anvers, apud Ioannem Keerbergium, 1616, Quaestio CLXXIX, §8.

21 Giorgia Alessi Palazzolo, Prova legale e pena. La crisi del sistema tra evo medio e moderno, Naples, Jovene, 1979.

22 Tomás de Torquemada, Instructions à Séville, 1484, §13. Voir Miguel Jiménez Monteserín, Introducción a la Inquisición española. Documentos básicos para el estudio del Santo Oficio, Madrid, Editora Nacional, 1981, p. 86-105 et Consejo de Inquisición, Compilacion de las Instrucciones del Oficio de la Santa Inquisición, hechas por el muy Reverendo Señor Fray Tomás de Torquemada…, Madrid, Diego Diaz de la Carrera, 1667, fol. 3r-9r.

23 T. Deciano, Tractatus criminalis…, op. cit., vol. 1, lib. 5, cap 20, Haeresis specialia, §54, fol. 249v.

24 Ibid., §33, fol. 247r.

25 Jean-Pierre Dedieu, L’administration de la foi. L’Inquisition de Tolède, xvie- xviiie siècle, Madrid, Casa de Velázquez, 1989, p. 144.

26 P. Farinaccio, Tractatus de haeresi…, op. cit., Quaestio CLXXIX – 3, §23.

27 Ibid., Quaestio CLXXIX – 4, §39 et 40.

28 Antonio Montes de Porres, Suma Diana recopilados en romance todos los onze tomos del R. P. D. Antonino Diana…, Madrid, Melchor Sanchez, 1657, p. 345.

29 Madrid, Archivo histórico nacional (ci-après AHN), Inquisición (ci-après Inq.), leg. 1931, exp. 15, Relación, n. d.

30 P. Farinaccio, Tractatus de haeresi…, op. cit., Quaestio CLXXIX – 3, §23.

31 A. Montes de Porres, Suma Diana…, op. cit., p. 344.

32 P. Farinaccio, Tractatus de haeresi…, op. cit., Quaestio CLXXIX – 3, §29-33.

33 AHN, Inq., leg. 1988, exp. 67, Relación, n. d.

34 Voir ci-dessous la différence entre acquittement et suspension.

35 AHN, Inq., lib. 730, Relación, fol. 315r-v, n. d.

36 A. Montes de Porres, Suma Diana…, op. cit., p. 344.

37 AHN, Inq., lib. 1245, fol. 68v-69r, n. d.

38 Voir J.-P. Dedieu, « De l’adhésion à la connaissance. Vie religieuse et pastorale catholique », in L’administration de la foi, op. cit., p. 35-54, §31.

39 Jaime Contreras, Pouvoir et Inquisition en Espagne au xvie siècle, trad. par B. Vincent, Paris, Aubier, [1992] 1997 ; Juan Ignacio Pulido Serrano, Injurias a Cristo. Religión, política y antijudaísmo en el siglo xvii, Alcalá de Henares, Universidad de Alcalá, Servicio de publicaciones, 2002 ; Ricardo García Cárcel, Herejía y sociedad en el siglo xvi. La Inquisición en Valencia, 1530-1609, Barcelone, Península, 1980 ; id., Orígines de la Inquisición española. El tribunal de Valencia, 1478-1530, Barcelone, Península, [1976] 1985.

40 Gustav Henningsen, The Witches’ Advocate: Basque Witchcraft and the Spanish Inquisition, 1609-1614, Reno, University of Nevada Press, 1980. L’affaire Lucero mérite encore à ce jour une analyse exhaustive. Voir John Edwards, « Trial of an Inquisitor: The Dismissal of Diego Rodríguez Lucero, Inquisitor of Córdoba, in 1508 », Journal of Ecclesiastical History, 37-2, 1986, p. 240-257 ; Ana Cristina Cuadro García, « Acción inquisitorial contra los judaizantes en Córdoba y crisis eclesiástica (1482-1508) », Revista de historia moderna, 21, 2003, p. 11-28 ; John Edwards, The Inquisitors: The Story of the Grand Inquisitors of the Spanish Inquisition, Stroud, Tempus, 2007, p. 41-55 ; H. C. Lea, A History of the Inquisition…, op. cit., vol. 1, p. 189-211.

41 La première audience du procès de foi en forme, à partir de 1540, était généralement consacrée à un interrogatoire détaillé des accusés au sujet de leurs parcours de vie et de leur connaissance de la doctrine et des prières chrétiennes. Les Instructions de Fernando de Valdes de 1560 rendirent obligatoire cet interrogatoire. Voir Jean-Pierre Dedieu, « ‘Christianisation’ en Nouvelle Castille. Catéchisme, communion, messe et confirmation dans l’archevêché de Tolède, 1540-1650 », Mélanges de la Casa de Velázquez, 15, 1979, p. 261-294.

42 Gunnar W. Knutsen, « Religious Life in Seventeenth Century Norway Seen through the Eyes of the Spanish Inquisition », Arv. Nordic Yearbook of Folklore, 61, 2005, p. 7-23 ; id., « El Santo Oficio de la Inquisición en Barcelona y soldados protestantes en el ejército de Cataluña », Estudis : Revista de historia moderna, 34, 2008, p. 173-188 ; Pauline Croft, « Englishmen and the Spanish Inquisition, 1558-1625 », The English Historical Review, 87-343, 1972, p. 249-268 ; Werner Thomas, Los protestantes y la Inquisición en España en tiempos de Reforma y Contrareforma, Louvain, Presses universitaires de Louvain, 2001.

43 Dans les faits, de tels cas auraient dû être relaxés. La doctrine est explicite sur ce point. Néanmoins, au cours de notre travail sur l’EMID, nous avons trouvé plusieurs cas où les défendeurs avaient été réconciliés plus d’une fois. Par exemple, Ana Súarez fut réconciliée à Carthagène des Indes pour sorcellerie en 1634, et de nouveau en 1650. En 1636, elle fut encore acquittée du délit d’avoir rompu son bannissement après sa condamnation en 1634. AHN, Relaciones, Inq., lib. 1020, fol. 313r-359r et 453r-485r, et lib. 1021, fol. 157r-230v et 235r-269v, n. d.

44 AHN, Inq., lib. 1245, fol. 68r et 70r, n. d.

45 Si l’accusé avait démontré judiciairement la fausseté des témoignages le visant, et non simplement leur insuffisance, il était acquitté, sans que l’on puisse plus tard rouvrir ce dossier-là contre lui.

46 AHN, Inq., leg. 2853, Relación, « Memoria de los reos que salieron en el auto particular de fe que el Santo Oficio de la Inquisición de la ciudad y reino de Murcia celebró el día treinta de noviembre de 1724 en la iglesia del convento de San Francisco de dicha ciudad », n. d.

47 Sur l’importance du libre arbitre dans les questions de foi, voir Isabelle Poutrin, « La conversion des musulmans de Valence (1521-1525) et la doctrine de l’Église sur les baptêmes forcés », Revue historique, 648-4, 2008, p. 819-855.

48 J.-P. Dedieu, L’administration de la foi, op. cit., p. 74-95.

49 Madrid, Biblioteca nacional de España (BNE), mss/5760, Anonyme, « Manual práctico para inteligencia y prompto despacho de causas y expedientes que regularmente suelen ocurrir en el Santo Oficio de la Inquisición », n. d. [fin du xviie siècle ?], p. 331.

50 Stefania Pastore, Il vangelo e la spada. L’inquisizione di Castiglia e i suoi critici, 1460-1598, Rome, Ed. di storia e letteratura, 2003, p. 63-75, notamment p. 99 et 208-214.

51 Arnaud Fossier, Le bureau des âmes. Écritures et pratiques administratives de la Pénitencerie apostolique, xiiie- xive siècle, Rome, École française de Rome, 2018, p. 618. Voir également, dans le présent numéro, le compte rendu de cet ouvrage par Ninon Dubourg, https://doi.org/10.1017/ahss.2023.50.

52 Pablo García, Orden que comunmente se guarda en el Santo Oficio de la Inquisición acerca de procesar en las causas qu’en el se tratan…, Valencia, Antonio Bordazar, 1737, p. 14.

53 J. Contreras, Pouvoir et Inquisition…, op. cit.

54 G. Henningsen, The Witches’ Advocate, op. cit.

55 J. I. Pulido Serrano, Injurias a Cristo, op. cit.

56 Jean-Pierre Dedieu, « La información de limpieza de sangre », in S. Muñoz Machado (dir.), Los grandes procesos de la historia de España, Barcelone, Crítica, 2002, p. 193-208. La tension qui se résout, dans le cas des informations de pureté de sang, en faveur de l’intégration, se résout dans d’autres contextes en faveur de la fermeture, comme l’ont bien montré Jean-Frédéric Schaub et Silvia Sebastiani dans Race et histoire dans les sociétés occidentales ( xve- xviiie siècle), Paris, Albin Michel, 2021. Tout est affaire de circonstances.

57 J.-P. Dedieu, « La información de limpieza de sangre », art. cit., p. 193-208.