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La mise a L'épreuve du nouveau roman. Six cent cinquante fiches de lecture d'Alain Robbe-Grillet (1955-1959)
Published online by Cambridge University Press: 04 May 2017
Extract
« Dis-moi comment tu classes, je te dirai qui tu es ». Roland BARTHES, cité par Alain ROBBE-GRILLET lors d'une intervention au Jeu de paume, le 22 septembre 1998
Un centième seulement de la production culturelle brute d'une époque est publié. C'est là un constat trop souvent négligé lorsque Ton s'interroge, après Jean-Paul Sartre sur Qu'est-ce que la litterature ?(Gallimard, 1948). Si la lecture est assurément « un rêve libre », un « exercice de générosite », elle est aussi un acte dirigé : on ne lit jamais que ce qui est donné à lire au terme d'une sélection culturelle peu connue dans ses principes, méconnue dans ses effets. La lecture décisive, quel que soit le texte, n'est presque jamais mentionnée et reste d'autant plus secrète qu'elle est anonyme.
Summary
Alain Robbe-Grillet—writer, theoretician and “pope” of the Nouveau Roman—also served as the literary editor of the Éditions de Minuit. The singularity and interest of his position appears throughout the analysis of the six hundred and fifty reading notes he wrote between 1955 and 1959 which are kept in the Éditions de Minuit's archives. A collection of unpublished comments made by a famous writer on the rough literature of his time, thèse reading notes can also be read as the first draft of an avant-garde theoretical discourse. Robbe-Grillet, a recognized enemy of “humanism” (cf. Pour un Nouveau roman, Éditions de Minuit, 1963), also appears in these notes as an enemy of the “naturalism” inherited from the 19th century. But if the literary revolution takes place in the name of “anti-naturalism” in the French literary scene dominated by Sartre and the “litterature engagée”, “anti-humanism ” is the only “culturally relevant distinction”, the one which will be pushed forward in order to ensure the success of the esthetic break. There is no “Robbe-Grillet mystery” (Georges Pérec), but simply a writer with a scientific background who adapts his theoretical discourse to the state of reality he is confronted with and who successively examines the rough literature of his time as a literary editor and the French literary world as an avant-garde theoretician of the Nouveau Roman.
- Type
- Figures D'auteurs. Musique et Littérature, France, 17e-20e Siècles
- Information
- Copyright
- Copyright © École des hautes études en sciences sociales Paris 2000
References
1. Par rapport aux années cinquante, la sélection culturelle a tendance à se durcir encore : pour l'année 1998, Teresa Crémisi, directrice littéraire des Éditions Gallimard, annonçait que, sur 7 000 manuscrits reçus par la maison, seulement trois premiers romans avaient été publiés (Naire, Olivier Le, « Le roman français estil nul ? », L'Express, 20-26 août 1998, p. 56 Google Scholar). Par comparaison, les Éditions de Minuit, en 1998, ont reçu 2500 manuscrits et ont publié deux premiers romans.
2. Pour un bilan des recherches, se reporter à Chartier, Roger (dir.), Histoires de la lecture. Un bilan des recherches, Paris, Imec Éditions, 1995 Google Scholar, et tout particulièrement Hans Erich BÖDeker, « D'une “histoire littéraire du lecteur” à “l'histoire du lecteur” : bilan et perspectives », pp. 93-125; voir aussi Picard, Michel (dir.), La lecture littéraire, Paris, Clancier Guénaud, 1987 Google Scholar.
3. Les travaux universitaires sur les comités de lecture, qui datent des années soixantedix, n'ont pas fait école. Les plus importants sont : JeanDaniel Parrenin, Étude de la notion de littérarité à travers un corpus de rapports de lecture, thèse de doctorat de 3e cycle, Université de Paris XNanterre, 1975 ; Pascal FouchÉ, L'accueil des manuscrits : circuits et comportements d'après le discours éditorial, mémoire de maîtrise, Université de Paris Xiii Villetaneuse, 1979. Le scandale suscité par le livre de Deguy, Michel, Le comité. Confessions d'un lecteur de grande maison, Seyssel, Champ Vallon, 1988 Google Scholar, contemporain du développement de l'histoire de l'édition, a ravivé l'intérêt pour le sujet.
4. Barthes, Roland, « Délibération », dans Le bruissement de la langue. Essais critiques IV, Paris, Éditions du Seuil, 1984, p. 410 Google Scholar.
5. JeanDaniel Parrenin doit à sa qualité de lecteur chez Denoël d'avoir pu travailler et publier une vingtaine de rapports de lecture, op. cit. J'ai soutenu une thèse sur les Éditions de Minuit, Les Éditions de Minuit, 1942-1955 : le devoir d'insoumission, Paris, Imec Éditions, 1994. Mais c'est à la surveillance de la température estivale des cactées d'Alain RobbeGrillet que je dois d'avoir eu accès à ses « fiches de lecture », conservées aux Éditions de Minuit dans un placard du bureau de Jérôme Lindon.
6. Genette, Gérard, « Vertige fixé », dans Figures, Paris, Éditions du Seuil, 1966, pp. 69–90 Google Scholar
7. « Midnight novelists and others », Yale French Studies, 24, 1959.
8. Ces bornes chronologiques doivent être considérées avec prudence : ce sont, en tout cas, les dates extrêmes des fiches retrouvées aux Éditions de Minuit.
9. Sur le comité de lecture des Éditions Gallimard, outre le livre de Michel Deguy déjà cité, consulter Auguste Angles, « Quelques lectures du premier groupe de La Nouvelle Revue française (1909-1914) », Esprit, numéro spécial, janvier 1976, pp. 77-94.
10. Brenner, Jacques, Les lumières de Paris, Paris, Éditions Grasset, 1962, 1983, p. 199 Google Scholar et RobbeGrillet, Alain, Les derniers jours de Corinthe, Paris, Editions de Minuit, 1994, pp. 71–72 Google Scholar.
11. Pascal FouchÉ, L'accueil des manuscrits…, mémoire cité, pp. 5862. Voir aussi Jean Yves Mollier, « Le comité de lecture. Bis », Revue des Sciences humaines, L'écrivain chez son éditeur, n” 29, mars 1990, pp. 107-125.
12. Pierre Bourdieu, «La production de la croyance. Contribution à une économie des biens symboliques », Actes de la Recherche en Sciences sociales, n° 13, février 1977, pp. 25-28.
13. Viviant, Arnaud, «Le démon de minuit. Entretien avec Alain RobbeGrillet», Les Inrockuptibles, n° 165, 1622 septembre 1998, pp. 37–41 Google Scholar.
14. Les Éditions de Minuit publient 34 titres en 1955, 26 titres en 1956, 31 titres en 1957, 24 titres en 1958 et 19 titres en 1959. Le tirage littéraire moyen de l'année 1957 est de 1 500 exemplaires, hors les deux pièces de théâtre de Samuel Beckett, tirées chacune à 3000 exemplaires.
15. Témoignage de Jérôme Lindon.
16. Chez Gallimard, par exemple, les manuscrits sont notés entre 1 et 4, du meilleur au pire. Cf. Michel Deguy, Le comité…, op. cit., pp. 139-141. On inverse l'ordre de la notation scolaire mais la littérature reste une discipline dans laquelle on peut faire des progrès, comme en mathématique ou en orthographe. Voir aussi Anne Simonin et Pascal FouchÉ, « “Comment on a refusé certains de mes livres”. Contribution à une histoire sociale du littéraire », Actes de la Recherche en Sciences sociales, n° 126-127, mars 1999, p. 113.
17. En 1951, Jean Paulhan, directeur littéraire, se plaint à Gaston Gallimard en ces termes : « Savezvous qu'avanthier, par exemple, j'ai eu […] vingthuit lettres à envoyer (bien entendu après lecture d'un nombre équivalent de manuscrits) ». Lettre de Jean Paulhan à Gaston Gallimard, 11 mars 1951 (archives Gallimard).
18. Écrivain remarqué après le succès de scandale du Voyeur qui obtient le prix des Critiques et se vend à 12 500 exemplaires en 1955, RobbeGrillet rédige, à la demande de François Erval, alors journaliste, ses premiers articles de théorie littéraire destinés au quotidien à grand tirage L'Express (novembre 1955février 1956). Il reprend et développe ses idées dans le cadre d'un manifeste confié cette fois à La Nouvelle Nrf : « Une voie pour un roman futur » (juillet 1956) ; Nouvelle Nrf dans laquelle paraîtra également un autre texte important, « Nature, humanisme, tragédie » en octobre 1958. Entretemps, il aura publié « Sur quelques notions périmées », dans FranceObservateur en 1957.
19. Les Éditions de Minuit publient en 1957 : Robert Pinget, Graal Flibuste, en janvier; Samuel Beckett, Fin de partie, en février ; Alain RobbeGrillet, La jalousie et Nathalie Sarraute, Tropismes, en mars ; Claude Simon, Le vent, en septembre ; Georges Bataille, L'érotisme, Samuel Beckett, Tous ceux qui tombent, et Michel Butor, La modification, en octobre.
20. Cette « association de malfaiteurs » est fondée avec Nathalie Sarraute au printemps 1957. Voir Alain RobbeGrillet, Les derniers jours de Corinthe, op. cit., p. 84.
21. CÉLine, cité par Chapsal, Madeleine, Les écrivains en personne, Paris, Éditions Julliard, 1960, p. 76 Google Scholar.
22. Charle, Christophe, La crise littéraire à l'époque du naturalisme, Paris, Presses de l'École normale supérieure, 1979, p. 33 Google Scholar.
23. Todorov, Tzvetan, Introduction à la littérature fantastique, Paris, Éditions du Seuil, « Points », 1976, p. 18 Google Scholar : « Pour éviter toute ambiguïté, on devrait poser d'une part les genres historiques, de l'autre les genres théoriques. Les premiers résulteraient d'une observation de la réalité littéraire ; les seconds d'une déduction d'ordre théorique ».
24. Perec, Georges, Je me souviens, Paris, Hachette, 1978, p. 43 Google Scholar.
25. Intervention d'Alain RobbeGrillet au Jeu de paume, le 22 septembre 1998.
26. Boschetti, Anna, Sartre et les Temps modernes, Paris, Éditions de Minuit, 1985, pp. 75–83 Google Scholar.
27. Butor, Michel, « Le roman comme recherche », 1955, dans Essais sur le roman, Paris, Éditions Gallimard, 1995, p. 9 Google Scholar.
28. Pingaud, Bernard, « La parabole du récit français de 1945 à aujourd'hui », Esprit, n° 7, juillet 1964, p. 51 Google Scholar.
29. Pour l'analyse théorique de cette position singulière de lecture, voir Vincent Kaufmann, « Le tiers lecteur », dans DÀLlenbach, Lucien et Ricardou, Jean (dir.), Problèmes actuels de la lecture, Paris, ClancierGuénaud, 1982, pp. 201–202 Google Scholar.
30. Lettre de Jérôme Lindon, 17 avril 1958 (archives Éditions de Minuit.)
31. Lettre d'Alain RobbeGrillet, 20 juin 1958 : «Je dois maintenant vous avouer mon échec. Il n'est pas question pour le moment de créer aux Éditions de Minuit une collection de romans d'action, où votre Fils du soleil aurait trouvé sa place. Croyez que je le regrette autant que vous. Mais les raisons que l'on m'oppose sont, il faut le dire, très pertinentes. Ce sont, en gros, celles que je vous avais déjà exposées : nous sommes une petite maison, nous devons nous limiter, etc. » (archives Éditions de Minuit).
32. RobbeGrillet, Alain, «Réalisme et révolution», L'Express, 8 janvier 1956 Google Scholar.
33. Après 1945, la thématique régionaliste perd, sur le marché littéraire, les positions conquises dans l'entredeuxguerres. Voir Thiesse, AnneMarie, Écrire la France. Le mouvement littéraire régionaliste de langue française entre la Belle Époque et la Libération, Paris, Presses Universitaires de France, 1991, p. 288 Google Scholar.
34. Lukacs, Georg, « A propos de la satire », 1932, dans Problèmes du réalisme, Paris, L'Arche, 1975, pp. 15–40 Google Scholar.
35. Extrait de la quatrième de couverture : « Cet ouvrage s'adresse d'abord aux employés d'assurances, aux dactylos nymphomanes et aux emballeurs, et tout particulièrement à ceux d'entre eux qui disposent d'un bon passage à niveau dans leur corridor ».
36. RobbeGrillet, Alain, « Littérature engagée, littérature réactionnaire » et « Le réalisme socialiste est bourgeois », L'Express, 20 décembre 1955 Google Scholar et 21 février 1956. Alain Robbe Grillet retrouve ici un point de vue développé par Sarraute, Nathalie, « Ce que voient les oiseaux», 1956, dans L'ère du soupçon, Paris, Éditions Gallimard, 1959, «Folio», 1998, pp. 146–147 Google Scholar.
37. Cayrol, Jean, Lazare parmi nous, Paris, Éditions du Seuil, 1950 Google Scholar et Barthes, Roland, Le degré zéro de l'écriture, Paris, Éditions du Seuil, 1953 Google Scholar. Voir aussi JeanPierre Salgas, « Shoah ou la disparition », dans Hollier, Denis, De la littérature française, Paris, Éditions Bordas, 1993, pp. 1005–1006 Google Scholar.
38. Alain RobbeGrillet, « Littérature engagée, littérature réactionnaire », art. cité.
39. Alain RobbeGrillet, « Réalisme et révolution », art. cité.
40. Philippe Olivera, « Le sens du jeu. Aragon entre littérature et politique (19581968) », Actes de la Recherche en Sciences sociales, numéro spécial, « Littérature et politique », n” 111-112, mars 1996, pp. 76-84, p. 80, et Berthet, Dominique, Le Pcf, la culture et l'art, Paris, La Table Ronde, 1990, pp. 245–263 Google Scholar.
41. Gracq, Julien, « La littérature à l'estomac », 1950, dans « Pourquoi la littérature respire mal», Préférences, Paris, Corti, lre éd. 1961 (1995), p. 13 Google Scholar.
42. Alain RobbeGrillet, «Nature, humanisme, tragédie», 1958, dans Pour un Nouveau Roman, op. cit., pp. 45-69.
43. Témoignage d' RobbeGrillet, Alain. Voir aussi Le miroir qui revient, Paris, Éditions de Minuit, 1984, p. 69 Google Scholar : « Mais le soir, sitôt descendu de la barricade, [Barthes] rentrait chez lui pour se vautrer avec délices dans Zola, sa prose grasse et ses adjectifs en sauce […] ». Barthes a pourtant durement condamné le naturalisme mais, il est vrai, en protégeant toujours Zola et en portant l'essentiel de ses attaques contre Maupassant. Voir Barthes, Roland, Le degré zéro de l'écriture suivi de Nouveaux essais critiques, Paris, Éditions du Seuil, 1953, « Points », 1972, pp. 49 Google Scholar et 53.
44. « Barthes […] a joué pour RobbeGrillet et le Nouveau Roman un rôle voisin de celui de Greenberg pour Pollock et l'expressionnisme abstrait ». ( Compagnon, Antoine, Les cinq paradoxes de la modernité, Paris, Editions du Seuil, 1990, p. 139 Google Scholar.) Roland Barthes écrit sur l'oeuvre de RobbeGrillet deux articles importants à l'époque : « Littérature objective », Critique, 1954, et « Littérature littérale », Critique, 1955. Repris dans Essais critiques, Paris, Éditions du Seuil, 1964, pp. 29-41 et 63-71.
45. Michael Kelly, « Humanism and National Unity: The Ideological Reconstruction of France », dans Hewitt, Nicholas, The Culture of Reconstruction. European literature, Thought and Films, 1945-1950, New York, St Martin's Press, 1989, pp. 103–119 Google Scholar.
46. Hewitt, Nicholas, Literature and the Right in Postwar France. The Story of the « Hussards », Oxford-Washington, Berg, 1996, pp. 178–180 Google Scholar. L'analyse la plus fine de l'enjeu littéraire que représentent les « Hussards » demeure, à mes yeux, celle de Franck, Bernard, «Grognards et Hussards», Les Temps modernes, décembre 1952janvier 1953, repris dans Mon siècle. Chroniques, 1952-1960, Paris, Quai Voltaire, 1993, pp. 41–57 Google Scholar.
47. Leibowitz, René, Schoenberg et son école. L'étape contemporaine du langage musical, Paris, J. B. Janin, 1947, p. 90 Google Scholar. Je dois cette référence à Pierre Bourdieu, « Le marché des biens symboliques », art. cité, p. 65. Alain RobbeGrillet a utilisé, dans son film Eden et après, l'écriture sérielle de Schoenberg pour travailler l'impossibilité du récit. Voir Le miroir qui revient, op. cit., p. 221.
48. « D'ailleurs quand Tropismes, qui est paru en 39 chez Denoël, a été réédité aux Éditions de Minuit en 57, j'ai rajouté quatre ou cinq textes et j'en ai supprimé un, mais je n'ai fait aucune correction. Et Jérôme Lindqn était très étonné que je n'aie rien changé ». Ryknkr, Arnaud, Nathalie Sarraute, Paris, Éditions du Seuil, « Les contemporains », 1991, p. 156 Google Scholar. (Nathalie Sarraute a en réalité ajouté six nouveaux textes).
49. Foucault, Michel, « L'homme estil mort ? », Arts et Loisirs, n° 38, 1521 juin 1966 Google Scholar. Repris dans Dits et écrits, 1954-1988, t. 1, Paris, Éditions Gallimard, 1994, p. 544.
50. Lettre d'Alain RobbeGrillet, 19 juillet 1957 (archives Éditions de Minuit).
51. Lettre d'Alain RobbeGrillet, 13 novembre 1957 (archives Éditions de Minuit).
52. Didier Coste, « Pour une histoire littéraire négative », Actes Noésis II. L'internationalité littéraire, 1988, pp. 30-41.
53. Escarpit, Robert, « Succès et survie littéraire », dans Le littéraire et le social. Éléments pour une sociologie de la littérature, Paris, Éditions Flammarion, 1970, p. 151 Google Scholar.
54. Thibaudeau, Jean, Mes années, Paris, Tel Quel, « Écriture », 1994, p. 51 Google Scholar.
55. « Jérôme Lindon cassecou : il achète une place de producteur dans le “TransEurop Express” », Le Figaro littéraire, 2430 juin 1965.
56. Voir Janvier, Ludovic, Une parole exigeante. Le Nouveau Roman, Paris, Éditions de Minuit, 1964 Google Scholar, et Lop, Edouard, Sauvage, André, «Essai sur le Nouveau Roman», II, La Nouvelle Critique, n” 125, avril 1961, p. 79 Google Scholar.
57. Citée dans Duras, Marguerite, Gauthier, Xavière, Les parleuses, Paris, Éditions de Minuit, 1974, p. 13 Google Scholar.
58. Six dans le cas de Marguerite Duras, trois dans celui de Nathalie Sarraute, quatre dans le cas Claude Simon et trois dans celui de Pinget. En revanche, La mise en scène (prix Médicis 1958) de Claude Ollier (36 ans), ami personnel de RobbeGrillet, est bien un premier roman. Mais Claude Ollier ne fera jamais partie du noyau dur du Nouveau Roman. Les Éditions de Minuit refuseront son deuxième livre, Le maintien de l'ordre, Paris, Gallimard, 1961, le considérant comme beaucoup trop « engagé » (témoignage de Jérôme Lindon et d'Alain RobbeGrillet). S'il n'est pas ici question de Michel Butor, figure majeure du Nouveau Roman lui, c'est parce que celuici publie depuis 1954 aux Éditions de Minuit et peut donc être considéré comme un « auteur maison », et ce jusqu'en 1959 où il confie la publication de son oeuvre romanesque à Gallimard.
59. Alain RobbeGrillet, Les derniers jours de Corinthe, op. cit., pp. 94-100.
60. Lettre d'Alain RobbeGrillet, 18 janvier 1955 (archives Éditions de Minuit).
61. Pinget ne sera libéré du droit de préférence sur ses oeuvres futures accordé à Gallimard qu'en février 1960, lorsque Minuit, en contrepartie, aura abandonné ses propres droits sur l'oeuvre d'Alfred Kern.
62. Alain RobbeGrillet, Les derniers jours de Corinthe, op. cit., p. 83.
63. Simonin, Anne, « La littérature saisie par l'histoire. Nouveau Roman et guerre d'Algérie aux Éditions de Minuit », Actes de la Recherche en Sciences sociales, numéro spécial, « Littérature et politique», n” 111–112, mars 1996 Google Scholar, pp. 59-76.
64. Nathalie Sarraute est l'auteur du Nouveau Roman le plus proche de Sartre. C'est dans la préface qu'il rédige pour Portrait d'un inconnu (Robert Marin, 1948) que Sartre emploie l'expression « antiroman » et diagnostique l'apparition du « roman d'un roman qui ne se fait pas ». Des quatre articles publiés par Nathalie Sarraute dans L'ère du soupçon, op. cit., deux sont précédemment parus dans Les Temps modernes.
65. L'historien Pierre VidalNaquet collabore étroitement avec lui dans ce domaine (cf. Mémoires, t. II, Le trouble et la lumière, 1955-1998, Paris, Éditions du Seuil, 1999, pp. 145-146).
66. Y compris ceux de la collection appendice, les « Grands Documents », créée en 1961 pour permettre la publication de textes d'un volume plus important, tel Saint Michel et le dragon, de Pierre Leuliette.
67. Lettre de Jérôme Lindon, 11 décembre 1956 (archives Éditions de Minuit). Sur les problèmes que soulève le « roman de guerre », voir Cru, Jean Norton, « Littérature et témoignage», dans Du témoignage, Paris, Éditions Gallimard, 1930, pp. 85–98 Google Scholar.
68. Témoignage d'Alain RobbeGrillet.
69. Wieviorka, Annette, Déportation et génocide. Entre la mémoire et l'oubli, Paris, Pion, «Pluriel», 1995, p. 185 Google Scholar. Parmi les rares exceptions, il faut bien sûr mentionner le livre majeur de Robert Antelme, L'espèce humaine, publié chez Robert Marin en 1947, passé alors inaperçu et repris chez Gallimard, en 1957.
70. La comparaison de l'édition yiddish et de l'édition française de La nuit faite par Rachel Ertel et Naomi Seidman, révèle de nettes différences entre les deux textes : « Wiesel jouerait volontairement sur deux tableaux, s'adressant tour à tour au monde juif et au monde non juif, adaptant son discours aux attentes différentes de l'un et de l'autre. En ce qui concerne le monde non juif, l'écriture de La nuit serait une opération de séduction à l'égard du premier lecteur de Wiesel, l'homme qui soutint son projet, préfaça son livre, et ainsi le consacra écrivain, l'auteur catholique François Mauriac », dans Wieviorka, Annette, L'ère du témoin, Paris, Pion, 1998, p. 61 Google Scholar. De la lecture de Jérôme Lindon, luimême juif, il n'est pas question. Or La nuit a fait l'objet d'une nette intervention éditoriale : Elie Wiesel a publié dans ses mémoires certains des passages supprimés dans son texte à la demande de Jérôme Lindon (cf. Wiesel, Elie, Tous les fleuves vont à la mer, 1.1, Paris, Éditions du Seuil, 1994, pp. 409–413 Google Scholar.)
71. Roland Barthes, Le Degré zéro de l'écriture, op. cit., p. 56.
72. Témoignage de Jérôme Lindon.
73. Vidalnaquet, Pierre, « Une fidélité têtue. La résistance française à la guerre d'Algérie », XX” Siècle. Revue d'Histoire, n° 10, avriljuin 1986, p. 11 Google Scholar.
74. « Bien que la littérature soit une chose et la morale une tout autre chose, au fond de l'impératif esthétique nous discernons l'impératif moral », JeanPaul Sartre, Qu'estce que la littérature ?, op. cit., p. 79.
75. Eco, Umberto, Pastiches et postiches, Paris, Éditions Messidor, « 10/18 », 1997, pp. 15–27 Google Scholar.
76. Jean Paulhan, «Même quand ils sont détestables… », dans Duras, Marguerite, «Les recalés de l'écriture », Le Nouvel Observateur, 22 avril 1965 Google Scholar.
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- Cited by