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Le cimetière dans le Moyen Age latin: Lieu sacré, saint et religieux

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

Michel Lauwers*
Affiliation:
Université de Nice-Sophia Antipolis

Extract

L'une des particularités de l'encadrement des gens par le pouvoir au cours du Moyen Age tient au rôle qu'y joua l'institution ecclésiale et au double processus de spiritualisation et de spatialisation des relations sociales qui le caractérise. Spiritualisation, en raison d'une volonté d'enserrer les relations de parenté charnelle, qui structurent nombre de sociétés, en des liens spirituels définissant la communauté des fidèles : frères les uns par rapport aux autres, soumis à la paternité divine, les chrétiens, dont le baptême marque la naissance spirituelle, cheminent vers le salut sous la direction d'hommes d'Église idéalement déliés de tout lien charnel.

Summary

Summary

The institution of the Christian cemetery —a collective burial space for the faithful, attached to a cult edifice, and consecrated by a bishop— required a long evolution until the twelfth century. Placing the dead in consecrated ground reverts to “Ecclesia” in all its forms: a spiritual society mode up of the community of the faithful, but also an ensemble of stone buildings rooted in the ground —ground in which the bodies of the Christians are buried, against the walls of churches.

In the absence of any scriptural or patristic authority medieval people mainly used juridical categories from Antiquity to justify the institution of the Christian cemetery. Canonists and liturgists called the cemetery a “sacred place”, “holy”, and “religious”, according to a tripartition defined by late Roman law (“sacer” / “sanctus” / “religiosus”). The notions of Roman law thus “rediscovered” by clerics were manipulated, contorted, in order to conform to the medieval realities, to which they were basically alien.

Type
Le Cimetière Chrétien (Antiquité et Moyen Age)
Copyright
Copyright © Copyright © École des hautes études en sciences sociales Paris 1999

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References

* Cette étude, conçue en dialogue avec Éric Rebillard dans la perspective des recherches animées par Dominique Iogna-Prat sur la « spatialisation du sacré », doit également beaucoup aux discussions avec Charles de Miramon : qu'ils trouvent ici l'expression de mon amicale gratitude. Des versions antérieures et partielles de ce travail ont été présentées lors de séminaires et tables rondes tenus en 1997 et 1998 à Nice, Auxerre, Budapest et Monte Sant'Angelo ; je remercie, pour leurs remarques, les participants de ces rencontres, ainsi que Luc Ferrier, Alain Guerreau, Barbara H. Rosenwein, Manuel de Souza et Elisabeth Zadora-Rio.

1 Voir en dernier lieu A. Guerreau-Jalabert, « Spiritus et caritas. Le baptême dans la société médiévale », dans La parenté spirituelle, F. HÉRitier-AugÉ et E. Copet-Rougier (dir.), Paris, 1996, pp. 133-203.

2 S'inspirant très tôt d'un certain nombre de travaux réalisés par les archéologues, Robert Fossier a joué un rôle pionnier dans l'appréciation de ce phénomène, le datant des environs de l'an mil (cf. entre autres Chapelot, J. et Fossier, R., Le village et la maison au Moyen Age, Paris, 1980, en part. p. 143 Google Scholar ; Fossier, R., Enfance de l'Europe. Aspects économiques et sociaux, Paris, 1982, pp. 355357 Google Scholar). Depuis, les archéologues ont quelque peu nuancé la chronologie adoptée par les historiens : abandon des nécropoles en plein champ, lien entre l'espace funéraire, l'édifice de culte et parfois l'habitat dès les 7e-8e siècles, fixation et polarisation de l'habitat autour de l'église et du cimetière, disparition des sépultures isolées aux 11e-12e siècles. Voir notamment É. Zadora-Rio, « The Role of Cemeteries in the Formation of Medieval Settlement Patterns in Western France », dans Médiéval Archaeology. Papers of the Seventeenth Annual Conférence of the Center for Médiéval and Early Renaissance Studies, 1989, pp. 171-186 ; id., « Le village des historiens et le village des archéologues », dans Campagnes médiévales. L'homme et son espace. Études offertes à Robert Fossier, Paris, 1995, pp. 145-153 ; C. Lorren, « Le village de Saint-Martin de Trainecourt… de l'Antiquité au Haut Moyen Age », dans La Neustrie. Les pays au nord de la Loire de 650 à 850, H. Atsma (éd.), t. 2, Sigmaringen, 1989. pp. 439-466 ; ainsi que les nombreux travaux rassemblés par M. Fixot et É. Zadora-Rio, L'Église, le terroir, Paris, 1989, et L'environnement des églises et la topographie religieuse des campagnes médiévales. Actes du Iip congrès international d'archéologie médiévale (Aixen- Provence, 28-30 septembre 1989), Paris, 1994, par H. Galinié et É. Zadora-Rio, Archéologie du cimetière chrétien. Actes du IIe colloque Archea, Orléans, 29 sept.- 1er oct. 1994, Tours, 1996, et par C. Lorren et P. Périn, L'habitat rural du Haut Moyen Age (France, Pays- Bas, Danemark et Grande-Bretagne), Rouen, 1995. Enfin, plusieurs travaux ont mis en évidence, depuis longtemps déjà, les multiples fonctions du cimetière médiéval, espace des morts mais aussi des vivants, voire espace habité : L. Musset, « Le cimetière dans la vie paroissiale en Basse-Normandie (XP-XIIP siècles)», Cahiers Léopold Delisle, t. 12, 1963, pp. 7-27 ; Duparc, P., « Le cimetière, séjour des vivants (XP-XIP siècles) », Bulletin philologique et historique du Comité des Travaux Historiques et Scientifiques, Paris, 1967, pp. 482504 Google Scholar ; Zadora-Rio, E., « Les cimetières habités en Anjou aux XP-XIP siècles », dans Actes du 105e Congrès National des Sociétés Savantes (Caen, 1980), Paris, 1983, pp. 319329.Google Scholar

3 A propos de la question des lieux de culte à l'âge apostolique, cf. les remarques de M. Metzger, « Brève histoire des lieux de culte chrétiens », Revue de Droit canonique. t. 47/2, 1997, pp. 339-355, en particulier pp. 340-343.

4 Ce texte, paraphrasant III Rg 8,27, est cité par Maccormack, S., « Loca sancta: The Organization of Sacred Topography in Late Antiquity », dans The Blessings of Pilgrimage, Ousterhout, R. (éd.), Urbana-Chicago, 1995, pp. 740.Google Scholar

5 Mutation longue car l'institution cimitériale n'est pas inhérente au christianisme ; elle n'est donc pas nécessairement liée à la « christianisation ». Sur l'institution du cimetière : Treffort, C., L'Église carolingienne et la mort. Christianisme, rites funéraires et pratiques commémoratives, Lyon, 1996.Google Scholar

6 Sur les cimetières d'époque romaine, situés à l'extérieur des sites habités, cf. par exemple Van Doorselaer, A., Les nécropoles d'époque romaine en Gaule septentrionale, Bruges, 1967.Google Scholar

7 É. Zadora-Rio, «Le village… », art. cité, pp. 151-152 ; C. Treffort, « D U cimiterium christianorum au cimetière paroissial : évolution des espaces funéraires en Gaule du VIe au X1 siècle », dans Archéologie du cimetière chrétien…, op. cit., p. 57 ; id., L'Eglise carolingienne…, op. cit., pp. 168-170.

8 Ainsi que le soulignait déjà FÉVRIER, P.-A., « La mort chrétienne », dans Segni e riti nella Chiesa altomedievale occidentale. Atti délia XXXIII Settimana di studio del Centro italiano sull'Alto Medioevo, Spoleto, 11-17 aprile 1985, Spolète, 1987, pp. 908910, 919.Google Scholar

9 La nécropole antique, en revanche, n'est pas « sacrée » au sens technique du terme, ainsi qu'on va le voir.

10 De manière générale, les réflexions théoriques sur l'espace sacré sont exceptionnelles au Moyen Age. A. Guerreau évoque à ce propos une sorte de « trou noir » de la pensée médiévale (” Quelques caractères spécifiques de l'espace féodal européen », dans L'État ou le roi. Les fondations de la modernité monarchique en France (XIV'-XVIIe siècles), N. Bulst, R. Descimon et A. Guerreau (éds), Paris, 1996, pp. 85-101, ici pp. 89-90, n. 19).

11 Si le terme « cimetière » est utilisé durant le Haut Moyen Age, il semble alors avoir eu un sens très large, désignant certes, par exemple dans les textes liturgiques, un lieu de sépulture collectif (comme le terme polyandrium), mais aussi, de manière générale, la sépulture ou le bâtiment funéraire. Pour l'Antiquité tardive et le Haut Moyen Age, cf. É. Rebillard, « Koimeterion et Coemeterium : tombe, tombe sainte, nécropole », dans Mefra, t. 105, 1993, pp. 975-1001, et C. Treffort, L'Église carolingienne…, op. cit., pp. 144-145.

12 Voir les travaux cités ci-dessus, note 2, et sur les nécropoles en plein champ du très Haut Moyen Age : G. Halsall, « The Origins of the Reihengrâberzivilisation: Forty Years On », dans J. Drinkwater et Elton, H. (éds), Fifth-Century Gaul: A Crisis of Identity ‘., Cambridge, 1992, pp. 196207.Google Scholar

13 Hincmar de Reims, Collectio de ecclesiis et capellis, Stratmann, M. (éd.), dans MGH Fontes Iuris Germanici Antiqui in usum scholarum, t. 14, Hanovre, 1990, pp. 7576.Google Scholar

14 Hincmar de Reims, Collectio de ecclesiis et capellis, éd. p. 80. Le passage a déjà été relevé par J. Dévisse, Hincmar, archevêque de Reims, 845-882, Genève, 1975, p. 829 ss, et C. Treffort, L'Eglise carolingienne…, op. cit., p. 167.

15 Amalaire, Liber officialis, 1. III, c. 2 (De situ ecclesiae), J.-M. Hanssens (éd.), Amalahi episcopi opéra liturgica omnia.

16 Sur les textes relatifs à l'espace ecclésial : J. Sauer, Symbolik des Kirchengebàudes und seiner Ausstattung in der Auffassung des Mittelalters, 2° édit., Freiburg im B., 1924, ainsi que le répertoire de R. Reynolds, « Guillaume Durand comme théologien de la liturgie », dans P.-M., GY (éd.), Guillaume Durand, évêque de Mende (vers 1230-1296), canoniste, liturgiste et homme politique. Actes de la Table Ronde du CNRS. Mende, 24-27 mai 1990, Paris, 1992, pp. 164168.Google Scholar

17 En d'autres termes, c'est le réalisme eucharistique qui aurait définitivement imposé « l'église comme demeure propre de Dieu » : Iogna-Prat, D., Ordonner et exclure. Cluny et la société chrétienne face à l'hérésie, au judaïsme et à l'islam. 1000-1150, Paris, 1998, pp. 184 185.Google Scholar

18 Actes du synode d'Arras, PL, t. 142, col. 1295.

19 « Coemeterium, quod dicitur mortuorum dormitorium, est Ecclesiae gremium, quia sicut saeculo mortuos de utero baptismatis Christo genuit, ita postmodum carne mortuos gremio suo confouens aeternae uitae reddit » (Honorius Augustodunensis, Gemma animae, PL, t. 172. col. 590).

20 Les ecclésiastiques évoquent alors, à propos de l’ ecclesia, la figure de la métonymie, puisque le contenant est désigné par le contenu (cf. par exemple Bruno de Segni, Tractatus de sacramentis, PL, t. 165, col. 1092 ; Sicard de crémone, Mitrale seu De Officiis ecclesiasticis summa, lib. I, c. 5 (de nominibus ecclesiae), PL, t. 213, col. 26-27).

21 «Coemeterium est mortuorum dormitorium, nam in Christo morientes non dicuntur mortui, sed dormientes. Tribus de causis mortui circa ecclesiam sepeliuntur, ut orationibus fidelium ad ecclesiam uenientium Domino commendentur ; ut, sicut mater Ecclesia saeculo mortuos, Christo baptismate genuit et lacté nutriuit, sic carne mortuos gremio foueat et orationibus Deo commendet ; ut, sicut sepeliuntur in patrimonio lesu Christi, sic sint cohaeredes eius in regno Dei […] » (Sicard de Crémone, Mitrale seu De Officiis ecclesiasticis summa, lib. I, c. 4 (de partibus ecclesiae), PL, t. 213, col. 23-24).

22 Sicard de Crémone, Mitrale seu De Ojficiis ecclesiasticis summa, lib. IX, c. 50 (de exsequiis mortuorum), PL, t. 213, col. 428-429.

23 Jean Beleth, Summa de ecclesiasticis ojficiis, H. Douteil (éd.), dans C. C. Cont. Med., t. 41A, Turnhout, 1976, pp. 4-7 et 303-310. Sur Jean Beleth : D. Van Den Eynde, « Précisions chronologiques sur quelques ouvrages théologiques du XIIe siècle », Antonianum, t. 26, 1951, pp. 233-234 ; P. Masini, « Il maestro Giovanni Beleth : ipotesi di una traccia biografica », Studi Medievali, t. 34, 1993, pp. 303-314.

24 Iuliani Epitome VII, 1, 32, G. Hänel (éd.), luliani Epitome Latina Novellarum lustiniani. 1873, p. 32. Le passage cité est repris, à l'époque carolingienne, dans les conciles (cf. MGH Concilia, t. 3 (Concilia Aevi Karolini, 843-859), W. Hartmann (éd.), Hanovre, 1984, p. 324) et dans les capitulaires (Collectio Capitularium Ansegisi 2, 29 (de rébus ad uenerabilem locum pertinentibus non alienandis), Schmitz, G. (éd.), MGH Capitularia regum francorum. Nova séries, t. 1, Die Kapitulariensammlung des Ansegis, Hanovre, 1996, pp. 549550, 552-553).Google Scholar

25 L'intérêt des réflexions de Jean Beleth a déjà été souligné par J.-C. Schmitt, « La notion de sacré et son application à l'histoire du christianisme médiéval », Cahiers du Centre de Recherches Historiques, n°9, 1992, pp. 19-29, ici pp. 23-24, et par A. Guerreau, « Quelques caractères spécifiques de l'espace […] », pp. 97-98. Je donne quelques éléments sur le texte de Jean Beleth dans Lauwers, M., La mémoire des ancêtres, le souci des morts. Morts, rites et société au Moyen Age (diocèse de Liège, XIe-XIIIe siècles), Paris, 1997, pp. 215221.Google Scholar

26 L'origine de la tripartition sacerlreligiosuslsanctus fait l'objet d'un débat, certains historiens du droit contestant radicalement son ancienneté : ainsi, S. Solazzi nie même que les juristes classiques, repris dans le Digeste, l'ont connue (contra : C. Busacca, Studi sulla classificazione délie cose nelle Istituzioni di Gaio, Villa San Giovanni, 1981). Selon les recherches menées actuellement dans le cadre d'une thèse de doctorat sur « Religiosus dans le monde romain tardif (IIP-VIe siècle) » par M. de Souza, la tripartition serait tardive (5e-6l siècles) et elle ne fut jamais exclusive.

27 W. M. Lindsay (éd.), Sexti Pompei Festi. De verborum significatu quae supersunt cum Pauli Epitome, Leipzig, 1913, p. 348.

28 Fugier, H., Recherches sur l'expression du sacré dans la langue latine, Paris, 1963 Google Scholar ; Delehaye, H., Sanctus. Essai sur le culte des saints dans l'Antiquité, Bruxelles, 1927, pp. 1 59 Google Scholar ; ainsi que les recherches en cours de M. de Souza.

29 Plusieurs études importantes ont, depuis longtemps, été consacrées aux transformations du droit relatif aux sépultures dans l'Antiquité romaine : M. Morel, « Le sepulchrum. Étude de droit romain », Annales de l'université de Grenoble, n. s., section Lettres-Droit, t. 5, 1928, pp. 5-180 ; F. de Visscher, Le droit des tombeaux romains, Milan, 1963 ; M. KÄSer, « Zur römischen Grabrecht », dans Zeitschrifi der Savigny-Stiftung fiir Rechtsgeschichte. Romanistische Abteilung, 1978, pp. 15-100.

30 F. de Visscher, Le droit des tombeaux…, op. cit., pp. 52-60.

31 Inst., II, 4. Cf. F. de Visscher, Le droit des tombeaux…, op. cit., p. 53.

32 Dig., I, 8, 6, 4, et Inst, II, 1, 9, reprenant Gaius, Inst, II, 6.

33 Cf. l'article « Religiosa loca », dans Pauly-Wissowa, 2e série, Munich, 1914, t. 1, 578.

34 Dig., I, 8, 6, 3.

35 F. de Visscher, Le droit des tombeaux…, op. cit., p. 61. L'inaliénabilité des tombeaux n'était pas absolue. Elle se réduisait au respect de leur fonction sépulcrale. Sous réserve de cette fonction, et sauf dispositions particulières prises par le fondateur, il était parfaitement licite de vendre ou de donner un tombeau : F. de Visscher, Le droit des tombeaux…, op. cit.. pp. 71-72.

36 Cf. L. Voelkl, Die Kirchenstiftungen des Kaisers Konstantin im Lichte des römischen Sakralrechts, 1964, cité par H.-J. Becker, « Der Heilige und das Recht », dans Politik und Heiligenverhehrung im Hochmittelalter, J. Petersohn (éd.), Sigmaringen, 1994, pp. 55-56, et S. Maccormack, « Loca sancta… », passim.

37 Voir aussi les interpolations introduites dans les compilations justiniennes que signale W. Seston, « Les murs, les portes et les tours des enceintes urbaines et le problème des res sanctae en droit romain », dans Mélanges d'archéologie et d'histoire offerts à A. Piganiol. Paris, 1966, pp. 1489-1498.

38 Augustin avait justifié l'asile, sans exiger que soit imposée quelque condition préalable que ce soit au candidat à l'asile : en un certain sens, celui qui fuyait devait donc être protégé par le lieu, lui-même protégé des atteintes du pouvoir.

39 Cf. Ducloux, A., « Ad ecciesiam confugere ». Naissance du droit d'asile dans les églises (IV-milieu du Ve siècle), Paris, 1994, pp. 207236 Google Scholar (pour les lois de 419 et 431); Rosenwein, B. H., « L'espace clos : Grégoire et l'exemption épiscopale », dans Grégoire de Tours et l'espace gaulois, Actes du congrès international. Tours, 3-5 novembre 1994, Gauthier, N. et Galinié, H. (éds), Tours, 1997, pp. 251262, ici pp. 252-253.Google Scholar

40 Isidore de Séville, De differentiis uerborum, dans PL, t. 83, col. 45, attribué à tort à Isidore, selon C. Codoner (cf. note suivante). Fontaine, J., « Le “ sacré ” antique vu par un homme du VIP siècle : le livre III des Étymologies d'Isidore de Séville », dans Bulletin de l'Association Guillaume Budé, t. 48, 1989, pp. 394405 CrossRefGoogle Scholar, n'étudie pas les questions abordées ici.

41 Isidore de Séville, De differentiis uerborum, Codoner, C. (éd.), Isidorus Hispalensis, De differentiis, I, Paris, 1992, p. 102 Google Scholar = P.L., t. 83, col. 59.

42 Isidore de Séville, Etymologiarum, lib. XV, 3, 4.

43 Cf. Leclercq, H., article Cimetière , dans DACL, t. 3, col. 16441645 Google Scholar ; gréGoire, R., « Religiosus. Étude sur le vocabulaire de la vie religieuse », dans A Giuseppe Ermini, t. 2, Spolète, 1970, pp. 415430.Google Scholar

44 Isidore de Séville, Etymologiarum lib. XV, 11 : De sepulchris. Lorsqu'aux 12e et 13e siècles, les liturgistes Jean Beleth, Sicard de Crémone, Pierre de Roissy et Guillaume Durand reprennent la liste des termes donnés par Isidore, ils y ajoutent tous le mot cimiterium.

45 Raban Maur, De rerutn naturis, 1. XIV, c. 21 (de aedificiis), PL, t. 111, col. 392. Raban Maur reprend les considérations d'Isidore et ajoute souvent une interprétation allégorique ; celle-ci est en particulier manifeste lorsqu'il traite des sépultures : 1. XIV, c. 28 (de sepulcris), col. 408-409.

46 Contra : Marantonio Sguerzo, E., Evoluzione storico-giuridica dell'istituto délia sepoltura ecclesiastica, Milan, 1976, pp. 23, 2930.Google Scholar

47 Conrat, M., Die Lex romana canonice compta, Amsterdam, 1904 Google Scholar ; Mor, C. G., Lex romana canonice compta. Testo di leggi romane-canoniche del sec. IX, Pavie, 1947 Google Scholar ; Russo, G., Tradizione manoscritta di Leges romanae nei codici dei secoli IX eX délia biblioteca capitolare di Modena, Modène, 1980.Google Scholar L'auteur de YAnselmo dedicata reprend 238 cap. de la Lex romana. Sur l'utilisation tardive de ces collections : Cortese, E., // diritto nella storia médiévale, t. 1, Rome, 1995, pp. 243244.Google Scholar

48 Inst., lib. II, tit. 1 dans Lex romana 208 et Coll. Anselmo dedicata VII, 40.

49 Collectio capitularium Ansegisi [827], 4, 3, Schmitz, G. (éd.), dans MGH Capitularia regum francorum. Nova series, t. 1, Die Kapitulariensammlung des Ansegis, Hanovre, 1996, pp. 626627 Google Scholar, renvoyant à des capitulaires de 818-819 et de 829, ainsi qu'à Réginon de Prüm.

50 « Mysterium autem, quia nova ecclesia non sacratur […], si ibidem fuerit corpus humatum, sed post consecrationem corpora vel reliquiae sanctorum in ea ponuntur » (Collectio de ecclesiis et capellis, éd. p. 81). Sur la position d'Hincmar, déjà relevée par Thomas, P., Le droit de propriété des laïques sur les églises et le patronage laïque au Moyen Age, Paris, 1906, pp. 42 43 Google Scholar, et par Lesne, E., Histoire de la propriété ecclésiastique en France, t. 3, Lille, 1936, p. 125 Google Scholar, voir aussi la note 52. Il n'est donc pas permis de consacrer une église nouvelle si un corps est inhumé à son emplacement : le traité d'Hincmar est d'autant plus instructif sur la sorte de consensus qui régnait à ce propos que l'archevêque de Reims y combat précisément des évêques qui, pour récupérer les églises « privées », se servaient de cet argument, s'opposant à ce que leurs propriétaires les fassent rebâtir lorsque celles-ci étaient délabrées, sous prétexte qu'il était interdit de consacrer une église reconstruite où des morts sont enterrés. Or Hincmar ne conteste pas ce dernier principe ; il refuse toutefois le transfert des édifices de culte pouvant être restaurés sur place (voir la note 14).

51 Cf. notamment le pénitentiel dit de Théodore (composé en Angleterre, entre la deuxième moitié du 7e et la première moitié du 8e siècle) : II 1, 4 et 5, Finsterwalder, P. W. (éd.), Die Canones Theodori Cantuariensis und ihre Überlieferungsformen, Weimar, 1929, p. 312 Google Scholar, ainsi que p. 274, qu'allait reprendre Burchard de Worms, qui cite trois canons conciliaires, interdisant de « consacrer » (consecrare) ou de « sanctifier » (sanctificare) une église (ecclesia) dans laquelle un païen (paganus), un infidèle (cadauera infidelium) ou tout simplement un cadavre (cadauera mortuorum) aurait été inhumé, ainsi que d'y célébrer la messe : Decretorum lib. III, c. 13-14 (renvoi à un concile d'Orléans), éd. col. 676, et c. 38 (renvoi à un concile de Cologne), éd. col. 679. Ces canons sont ensuite repris par Yves de Chartres (Decr., III, 15 et 43 ; Pan., II, 22 et 23) et par Gratien (De consecratione, I, 27 et 28), qui évoque les « cadauera fidelium siue infidelium ».

52 Voir par exemple le Registrum, IX 58 et 165, lettres citées par Hincmar de Reims, Collectio de ecclesiis et capellis, éd. pp. 79 et 86.

53 Liber diurnus Romanorum pontificum, T. E. AB Sickel (éd.), Vindobonae, 1889, en particulier les formulaires relatifs aux demandes et aux réponses concernant les dédicaces d'oratoires n° 10, 11, 24 et 26, pp. 9-11, 17-18.

54 Par exemple, à propos des corps saints : Registrum, IV 30, D. Norberg (éd.), dans CC Ser. Lut., t. 140, p. 249.

55 Capitula anno XII episcopatus superaddita, c. 2, PL, t. 125, col. 794.

56 Législation présente dans le Digeste, et les Institutes de Justinien, mais aussi dans le Code Théodosien : 1. 9, XVII. En ce qui concerne la législation conciliaire, voir par exemple les conciles de Mâcon II (585), c. 17, et Auxerre (561-605), c. 15 (Les canons des conciles mérovingiens (Ve-VIIe siècles), C. de Clercq (éd.), J. Gaudemet et B. Basdevant (trad. et notes), Paris, « Sources chrétiennes-354 », 1989, pp. 477, 493). Des épitaphes du 6e siècle menacent les sacrilèges qui dérangeraient les corps des défunts : B. Effros, « Beyond Cemetery Walls: Early Médiéval Funerary Topography and Christian Salvation », dans Early Médiéval Europe, t. 6, 1997, p. 6.

57 Cf. Conrat, M., Geschichte der Quellen und Literatur des rômischen Rechts imfrùheren Mittelalter, Leipzig, 1891, pp. 365, 368-369Google Scholar, 374, 378-388.

58 Anselme de Lucques, Collectio canonum [rédaction après 1081, peut-être en 1083], lib. V [De ordinationibus ecclesiarum et de omni iure ac statu illarum], c. 46 : « Quod res sacrae nullius sunt nec alienari debent nisi pro captiuis. Justiniani imperatoris libro institutorum II. Nullius autem sunt res sacrae et religiosae et sanctae ; quod enim diuini iuris est, id nullius in bonis est. Sacra sunt […] » (Anselm IL Bischof von Lucca, Collectio canonum, una cum collectione minore, rec. F. Thaner, Innsbruck, 1906-1915, p. 249). D'autres canons du lib. V de cette collection vont dans le même sens : « Quod res ecclesiae non propriae sed communes debent esse » (V, 33) ; « Ut propriis usibus non applicetur quod pro communi utilitate datur » (V, 34) ; « Quod sacrilegium est ea retinere quae sanctis locis relinquntur » (V, 35)… Deusdedit, Collectio canonum [rédaction entre 1083-1087], lib. IIII [De libertate Ecclesie et rerum eius et cleri], c. 279 : « Ex II libro institutorum imperatoris Iustiniani cap. I. Nullius autem sunt res sacre et religiose et sancte […] » (V. Wolf Von Glanvell (éd.), Die Kanonessammlung des Kardinals Deusdedit, Paderborn, 1905, p. 549). Grégoire de Saintcrisogone (cardinal sous le pontificat de Pascal II et mort en 1113), Polycarpus, III, 12 [De non alienandis Ecclesie rébus], 31 : U. Horst, Die Kanonessammlung Polycarpus des Gregor von S. Grisogono. Quellen u. Tendenzen, Munich, « MGH Hilfsmittel-5 », 1980, p. 138. Le passage est encore repris dans les collections canoniques postérieures à Pascal II, comme la collection en trois livres et la Caesaraugustana (1110-1120).

59 « Restât ostendere quod laicis non liceat in ecclesia dominium habere nec res earundem in sua iura transferre. […] Ex libro secundo institutorum Iustiniani imperatoris cap. L : Nullius autem sunt res sacrae et religiosae. Quod enim diuini iuris est, id nullius in bonis est ; sacrae uero sunt, quae rite ad ministerium Dei dedicata sunt […] » (Deusdedit presbyteri cardinalis, Libellus contra invasores et symoniacos, E. Sackur (éd.), dans MGH Libelli de lite, t. 2, 1892, pp. 358-360). Reflet des débats sur ces questions dans le traité Adversus simoniacos du cardinal Humbert de Silva Candida, notamment lib. III, 1 : « Contra eos qui dicunt se non consecrationem, sed res ecclesiae comparasse » (F. Thaner (éd.), MGH Libelli de lite, t. 1, p. 200).

60 Yves de Chartres, Decreti pars III [De Ecclesia], c. 193 : « Quod quidquid divini juris et sacrum est, in nullius sit bonis. Libro II, titulo primo. Nullius autem sunt res sacrae, et religiosae, et sanctae. Quod enim divini juris […] » (PL, t. 161, col. 244).

61 Cf. par exemple Yves de Chartres, Ep. 111 (Daimberto Senonensium archiepiscopo) et Ep. 184, citée à la note suivante.

62 A propos des laici : « Sed non sunt satis periti legum ecclesiasticarum vel saecularium, qui hoc modo statum ecclesiarum moliuntur evertere, cum et paginae decretales, et leges impériales et ecclesiasticae consuetudines manifeste eis résistent, sine quibus res divinae et humanae tutae esse non possunt […] ». Ensuite : « In quo bene consentiunt instituta imperialia, quae dicunt res ecclesiasticas non esse iuris humani, sed diuini. Unde Justinianus in libro Institutionum secundo, cap. 1 : “ Nullius autem sunt res sacrae, et religiosae, et sanctae ; quod enim divini juris est, id nullius est in bonis. Ea autem sacra sunt, quae rite et per pontifices Deo consecrata sunt, veluti aedes sacrae, et dona quae rite in ministerium Dei consecrata sunt, quae etiam per nostram constitutionem alienari et obligari prohibemus ” ». Yves de Chartres en conclut que sur les res sacrae, les laïcs ne peuvent avoir aucun dominium (Ep. 184, PL, t. 162, col. 184-185).

63 Huygens, R. B. C. (éd), Monumenta Vizeliacensia. Textes relatifs à l'histoire de l'abbaye de Vézelay, dans C. C. Cont. Med., t. 42, Turnhout, 1976 Google Scholar, acte n° 57 (fév. 1119), pp. 362-365. Le cartulaire dans lequel est copié cet acte a été composé pour servir de base documentaire à la chronique d'Hugues le Poitevin qui le suit, l'un et l'autre textes devant servir à fonder les prétentions de l'abbaye à l'immunité et à l'exemption.

64 Rerum igitur alie sunt diuini, alie sunt humani iuris. Que sunt diuini iuris, alie sacre, alie religiose, alie sancte. Que singula qualia sunt ipsemet liber exponit. Set cum de duabus certiores simus, de tercia quia posset dubitari, idest de sancto, quare dicatur, [h]is verbis denotamus […] (lib. III, 1 [De rerum divisione] de la Summa Institutionum « Iustiniani est in hoc opère », Legendre, P. (éd.), La Summa Institutionum « Iustiniani est in hoc opère » (ms Pierpont Morgan 903), Francfort-sur-le-Main, 1973, p. 42).Google Scholar Pour la datation et la localisation : Gouron, A., « Le rôle des maîtres français dans la renaissance juridique du Xiie siècle », dans Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Comptes rendus des séances de l'année 1989, pp. 198207.Google Scholar

65 Rufin de Bologne, Summa decretorum, H. Singer (éd.), Paderborn, 1902, p. 336. Pour la datation : Gouron, A., « Sur les sources civilistes et la datation des Sommes de Rufin et d'Etienne de Tournai », Bulletin of Médiéval Canon Law, t. 16, 1986, pp. 5570.Google Scholar

66 Summa « Elegantius in iure diuino » seu Coloniensis, IX, 32, Fransen, G. et Kuttner, S. (éds), t. 3 ﹛Monumenta iuris canonici, ser. A, vol. 1, Vatican, 1986, p. 65.Google Scholar Ce texte, dont Bernard de Metz est peut-être l'auteur, fait partie d'une série de sommes élaborées à Cologne ou dans la région à partir de 1166-1167. Le maître parisien Gérard Pucelle, qui a résidé à Cologne probablement de 1166 à 1168, semble avoir joué un rôle important, par élèves interposés, dans leur élaboration ( Gouron, A., « Une école ou des écoles ? Sur les canonistes français (vers 1150-vers 1210)», dans Proceedings of the Sixth International Congress of Médiéval Canon Law, Berkeley 1980 Google Scholar, (Monumenta iuris canonici, ser. C, vol. 7), S. Kuttner et K. Pennington (éds), Vatican, 1985, pp. 223-240, ici p. 224).

67 Summa… Coloniensis, XII, 1, éd. p. 171.

68 Huguccio, Comment, in Decr., C 13, q 2, c 12 et 14, consulté dans le ms Paris, BN latin 15396, f. 189vb-190rb.

69 « […] cimiterium est locus sacer et religiosus ; sepulcrum in loco prophano f…] est locus religiosus, sed non sacer » (Huguccio, Comment, in Decr., C 13, q 2, c 14, d'après ms Paris, BN latin 15396, f. 190rb).

70 Henricus de Segusio, cardinalis Hostiensis, Summa aurea, tit. De sepulturis, Lyon 1537, réimpr. Aalen 1962, p. 167.

71 Les décrétistes insistent par ailleurs sur le fait que l'espace cimitérial est constitué de « terre ». La terra cimiteriata mêlée des cendres des morts à laquelle renvoie peut-être déjà le gremium, ou sein de la terre, d'Honorius Augustodunensis est également évoquée, de manière très claire, par les théologiens des 12e et 13e siècles, qui en font l'objet de maints casus ou question.es. Il est évident qu'une telle valorisation de la terre cimitériale renvoie aux pratiques sociales et, plus particulièrement, à une réorganisation de l'espace dans laquelle le cimetière a joué un rôle déterminant. Je prépare une étude sur cette question.

72 Sur l'utilisation du droit par ces deux auteurs : Thibodeau, T. M., « The Influence of Canon Law on Liturgical Exposition, c. 1100-1300 », Sacris Erudiri, t. 37, 1997, pp. 185202 CrossRefGoogle Scholar, ici pp. 194-196. Le traité de liturgie de Jean Beleth atteste un recours fréquent au Décret de Gratien ; quant à Sicard de Crémone, formé à Bologne, il est l'auteur d'une Summa decretorum sans doute rédigée à Mayence entre 1178 et 1181.

73 Beleth, Jean, Summa de ecclesiasticis officiis, c. 159, Douteil, H. (éd.), dans C. C. Vont. Med., t. 41 A, Turnhout, 1976, p. 304.Google Scholar

74 SICARD de CRÉMone, Mitrale seu De Officiis ecclesiasticis summa, lib. IX, c. 50, PL, t. 213, col. 428-429 ; Pierre de Roissy, Monnaie de misteriis ecclesie per anni circulum, d'après ms Paris, BN n.acq.lat. 232, f. 93vb-94ra et 93va-93vb. Sur les rapports entre la première et la seconde version du Manuale : D'Alverny, M.-T., « Les mystères de l'église, d'après Pierre de Roissy », dans Mélanges offerts à René Crozet, t. 2, Poitiers, 1966, pp. 1085 1104, ici pp. 10861087.Google Scholar

75 Guillaume Durand, Rationale divinorum officiorum, I, V, éd. p. 57-58. Né vers 1230, doctor decretorum à Bologne, auteur de plusieurs traités juridiques, Guillaume Durand est élu évêque de Mende en 1285, siège dont il prend possession en 1291, avant de rentrer à Rome.

76 Jean Beleth, Summa de ecclesiasticis officiis, c. 159, éd. p. 304. Au 13e siècle, le liturgiste Guillaume Durand travestit comme son devancier les catégories antiques : « Aux termes de la loi, le cadavre d'un juif ou d'un gentil, ou d'un enfant qui n'est pas encore baptisé, rend religieux le lieu dans lequel il a été enseveli ; mais selon la religion chrétienne et la doctrine canonique, le cadavre du chrétien seulement fait et constitue le lieu religieux » (Guillaume Durand, Rationale, lib. I, c. 5, éd. p. 22).

77 Cf. les textes cités ci-dessus, à la note 51. Le pénitentiel de Théodore avait aussi interdit d'inhumer les gentiles mortui dans les locis sanctorum, de chanter la messe pour un « hérétique » ou de commémorer son nom avec les « catholiques » ( Finsterwalder, P. W. (éd.), Die Canones Theodori Cantuariensis und ihre uberlieferungsformen, Weimar, 1929, pp. 244 Google Scholar et 258), tout comme un canon du concile de Narbonne (589), qui avait défendu de conduire les corps des juifs en chantant des Psaumes (éd. C.C. Ser. lat., t. 148A, p. 255). A propos des excommuniés, la sentence du pape Léon le Grand (461), reprise dans les collections canoniques, donnait la règle à suivre : « Avec les vivants avec lesquels nous ne communiquons pas, nous ne pouvons davantage communiquer une fois qu'ils sont morts” (Epistula ad Rusticum (167), éd. PL, t. 54, col. 1205-1206 ; pour la tradition, cf. la Collectio canonum in V libris, M. Fornasari (éd.), dans C. C. Cont. Med., t. 6, Turnhout, 1970, p. 445, et les références données par Mc Laughlin, M., Consorting with Saints. Prayer for the Dead in Early Médiéval France, Ithaca- Londres, 1994, p. 225.Google Scholar

78 Jean Beleth, Summa de ecclesiasticis officiis, c. 159, éd. p. 304.

79 La formule est ancienne : Ntedika, J., L'évocation de l'au-delà dans la prière pour les morts. Étude de patristique et de liturgie latines (IV'-Viw siècle), Louvain-Paris, 1971, pp. 3739.Google Scholar Sans renvoyer aux nombreux textes liturgiques qui présentent les cimetières comme des espaces réservés aux « défunts orthodoxes », on citera un acte de la pratique, du milieu du I Ie siècle, qui évoque le cimetière de l'abbaye de Stavelot « in sepulturam defunctorum ortodoxorum […] consecratus » ( Halkin, J. et Roland, C. G. (éds), Recueil des chartes de l'abbaye de Stavelot-Malmedy, Bruxelles, 1909, n° 103 Google Scholar).

80 Ainsi que l'attestent les formulaires des messes « pro quiescentibus in cimiterio » ou « pro hiis qui in cimiterio requiescunt ».

81 Cf. Timbal Duclaux de Martin, P., Le droit d'asile, Paris, 1939 Google Scholar ; A. Ducloux, « Ad ecclesiam confugere… », op. cit. ; B. H. Rosenwein, « L'espace clos… », art. cité ; Falkenstein, L., La papauté et les abbayes françaises aux XIe et XIIe siècles. Exemption et protection apostolique, Paris, 1997.Google Scholar

82 Un cas concret : Farîas Zurita, V., « La sagrera catalana (c. 1025-c. 1200) : caracteristicas y desarrollo de un tipo de asentamiento eclesial », dans Studia Historica - Historia Medieval, t. 11, 1993, pp. 81121.Google Scholar

83 Sur cette utilisation : LA Rocca Hudson, C., « Dark Ages a Verona. Edilizia privata, aree aperte e strutture pubbliche in una città dell'Italia settentrionale », Archeologia Médiévale. Cultura materiale, insediamenti, territorio, t. 13, 1986, pp. 3178 Google Scholar, ici pp. 39-53.

84 C. Treffort, L'église carolingienne…, op. cit., pp. 141-143.

85 É. Zadora-Rio, « Lieux d'inhumation et espaces consacrés : le voyage du pape Urbain II en France (août 1095-août 1096) », dans Lieux sacrés, lieux de culte, sanctuaires : approches terminologiques, méthodologiques, historiques et monographiques, Actes de la Table Ronde des 2 et 3 juin 1997, A. Vauchez (dir.), Rome, sous presse. La consécration du cimetière de l'abbaye de Stavelot, au milieu du 11e siècle, représente un témoignage précoce de ce rite dans un acte de la pratique : cf. M. Lauwers, La mémoire des ancêtres…, op. cit., p. 126.

86 Guillaume Durand, Rationale diuinorum officiorum, 1. I, c. VIII, 26, Davril, A. et Thibodeau, T. M. (éds), dans C. C. Cont. Med., t. 140, Turnhout, 1995, p. 111.Google Scholar Sur la sépulture d'Abraham et des Patriarches à Hébron : Lauwers, M., « La sépulture des Patriarches (Genèse. 23). Modèles scripturaires et pratiques sociales dans l'Occident médiéval, ou du bon usage d'un récit de fondation », Studi Medievali, 3a ser., t. 37, 1996, pp. 519547.Google Scholar

87 Cf. M. Lauwers, « La sépulture des Patriarches… », art. cité, p. 539.

88 Huguccio, Comment, in Decr., C 13, q 2, c 12, d'après ms Paris, BN latin 15396, f. 189vb.

89 De ce point de vue, à propos des fondations de sépultures privées, cf. É. Hubert, , « Élection de sépulture et fondation de chapelle funéraire à Rome au XIVe siècle : donation et concession de l'espace sacré », dans La Parrocchia nel Medio Evo. Economia, scambi, solidarietà, Rome, 1995, p. 218.Google Scholar

90 Outre Guy d'Orchelles, cité à la note suivante, cf. Guillaume D'Auxerre, maître en théologie à l'université de Paris (=d 1231), Summa Aurea, 1. III, tract. 49, cap. II, quest. 4 (De symonia, que habet fieri circa annexa spiritualibus), Paris-Grottaferrata, 1986, pp. 960-962, affirmant que « symonia est uendere terram benedictam ad sepeliendum mortuos deditam ». Thomas D'Aquin aborde cette question dans sa Somme théologique, Ha Ilae qu 100 art. 4.

91 « […] magis sacrosanctum est calix in quo conficitur corpus Christi quam locus ubi recluduntur cadauera mortuorum ; sed locus ille, si sit consecratus, non potest uendi […]. Régula est quod ea quae Domino sunt consecrata in communes usus non possunt redigi […]. Corpora autem in cimiterio posita sunt pars ipsius cimiterii, quoniam sunt terra et cinis ; cum ergo illa corpora in baptismo intincta et inuncta [sint], patet quod non possunt uendi, cum illa corpora resurgere habeant cum omni sanctificatione, quod non uasa ». En ce qui concerne les vases, Guy d'Orchelles précise qu'ils sont soit souvent vendus à une autre église : or, omnes ecclesiae sunt una ecclesia ; soit ils le sont à des laïcs, dans les cas prévus par Ambroise, mais ils sont alors fondus, confracta, id est comminuta (Guidonis de Orchellis, Tractatus de sacramentis, D. et O. Van Den Eynde (éds), New York-Louvain-Paderborn, 1953, n° 198 (Utrum uendere spirituelle uel annexum spirituali sit simoniacum), pp. 187-188).

92 Cf. Cadot, A. M., « Le motif de l'aître périlleux », dans Mélanges C. Foulon, t. 2, Rennes, 1980, pp. 2735 Google Scholar, et Schmitt, J.-C., Les revenants. Les vivants et les morts dans la société médiévale, Paris, 1994, pp. 210211.Google Scholar On peut sans doute rattacher à de telles conceptions certaines pratiques étudiées par Schmitt, J.-C., « “ Jeunes ” et danse des chevaux de bois », dans La religion populaire en Languedoc du XIIIe siècle à la moitié du XIV siècle, « Cahiers de Fanjeaux-11 », Toulouse, 1976, pp. 127158.Google Scholar

93 Cf. M. Lauwers, La mémoire des ancêtres…, op. cit., pp. 343-345.

94 Cf. D. Iogna-Prat, Ordonner et exclure…, op. cit., pp. 162-163.

95 Tilbury, Gervais de, Le livre des merveilles. Divertissement pour un empereur (troisième partie), Duchesne, A. (trad.), Paris, 1992, pp. 100101.Google Scholar