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Penser l'histoire croisée : entre empirie et réflexivité

Published online by Cambridge University Press:  04 May 2017

Michael Werner
Affiliation:
CNRS/EHESS-CERA
Bénédicte Zimmermann
Affiliation:
EHESS-CERA

Résumés

Cet article dessine une présentation programmatique du concept d’histoire croisée, de ses implications méthodologiques et de ses possibilités d’application concrète. L’histoire croisée prolonge les débats et réflexions qui, au cours de ces dernières années, ont été menés en sciences humaines et sociales autour des thèmes de la comparaison, des études de transfert, de la Connected ou de la Shared history. Elle invite à repenser les interactions entre sociétés ou cultures, entre disciplines et traditions savantes, plus généralement entre productions sociales et culturelles, en tenant compte à la fois des croisements empiriques qui se produisent au niveau des objets d’étude et des opérations par lesquelles le chercheur lui-même croise échelles, catégories et perspectives pour construire son enquête. L’article montre d’abord en quoi cette approche se distingue des démarches purement comparatives et des études de transfert. Il développe ensuite les principes d’une induction pragmatique et réflexive comme axe méthodologique majeur de l’histoire croisée. Enfin, en insistant sur la nécessité et les modalités d’une triple historicisation des objets, des catégories d’analyse et des procédures de recherche, il ouvre la voie à une réagrégation des éléments de connaissance permettant de conjuguer des préoccupations d’ordre empirique et réflexif.

Summary

Summary

This article develops a programmatic presentation of the concept of history from contrastive views, its methodological implications and the possibilities of its concrete application. Contrastive history continues debates and reflections that, in the last years, have been conducted in the fields of human and social sciences around the themes of comparison, studies of transfer, connected or shared history. It calls for a rethinking of the interactions between societies and cultures, between disciplines and learned traditions, and more generally between social and cultural productions;it takes into account both the empirical crossings that happen at the level of the object of study and the operations by which the scholar herself crosses scales, categories and perspectives in order to construct her investigation. The article shows first how this approach distinguishes itself from purely comparative ones and from studies of transfer. It then presents the principles of a pragmatic and reflexive induction as the major methodological axis of history in contrastive views. Finally, insisting on the necessity and methods of a triple historicisation of the objects, of the categories of analysis and of research procedures, it opens the way to a re-aggregation of the elements of knowledge that allow the combination of empirical and reflexive preoccupations.

Type
Histoire croisée
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 2003

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References

Ce texte programmatique a été nourri par les discussions d’un séminaire bi-mensuel et d’une journée d’étude : « Histoire croisée, objets et approches » (Paris, EHESS-CNRS, 17 mai 2002). Nous remercions Sebastian Conrad, Heidrun Friese, Michael Lackner, Christine Lebeau, Nicolas Mariot, Kapil Raj et Jay Rowell d’avoir contribué, par la présentation de leurs travaux, à développer une réflexion collective autour de l’histoire croisée. Il en résultera un volume collectif à paraître en 2003 (MICHAELWERNER et BÉNÉDICTE ZIMMERMANN (dir.), L’histoire croisée : objets et perspectives). Nous remercions Yves Cohen, Jean-Yves Grenier, André Orléan et Lucette Valensi de leurs suggestions et remarques.

1- Pour une présentation de la problématique à partir d’un terrain de recherche allemand, voir Daniel, Ute, Kompendium Kulturgeschichte. Theorien, Praxis, Schlüsselwörter, Francfort, Suhrkamp, 2001 Google Scholar.

2- La littérature sur ce sujet est florissante. Pour une présentation récente, on peut se reporter au dossier « Une histoire à l’échelle globale » des Annales HSS, 56-1, 2001, pp. 3-123. Pour une étude de cas exemplaire, voir DANIEL DUBUISSON, L’Occident et la religion. Mythes, science et idéologie, Bruxelles, Éditions Complexe, 1998.

3- Sur ce type d’usage, voir notamment Werner, Michael, « Le prisme franco-allemand : à propos d’une histoire croisée des disciplines littéraires », in Bock, H. Manfred, Meyer-Kalkus, R. et Trebitsch, M. (dir.), Entre Locarno et Vichy. Les relations culturelles franco-allemandes dans les années 1930, Paris, CNRS Éditions, 1993, t. I, pp. 303316 Google Scholar ; Zimmermann, Bénédicte, Didry, Claude et Wagner, Peter (dir.), Le travail et la nation. Histoire croisée de la France et de l’Allemagne, Paris, Éditions de la MSH, 1999 Google Scholar. Pour une présentation plus complète du concept d’histoire croisée appliqué aux problèmes de l’histoire transnationale, voir Werner, Michael et Zimmermann, Bénédicte, « Vergleich, Transfer, Verflechtung. Der Ansatz der Histoire croisée und die Herausforderung des Transnationalen », Geschichte und Gesellschaft, 28, 2002, pp. 607636.Google Scholar

4- Notre intérêt pour l’histoire croisée s’est d’abord développé à travers notre propre pratique de la comparaison et de l’étude des transferts. Les limites auxquelles a pu se heurter cette pratique pour certains objets a été le point de départ de notre réflexion. C’est la raison pour laquelle cet article privilégiera le positionnement de l’histoire croisée par rapport à la comparaison et à l’étude des transferts, considérant davantage les Connected, Shared ou Entangled histories comme des alternatives à ces deux premières approches, au même titre que l’histoire croisée, bien qu’elles présentent chacune des spécificités que nous évoquerons au fil du texte. À propos de la Connected history, cf. Strayer, Robert W. (dir.), The Making of the Modern World. Connected Histories, Divergent Paths. 1500 to the Present, New York, St. Martins Press, 1989 Google Scholar ; Subrahmanyam, Sanjay, « Connected Histories: Toward a Reconfiguration of Early Modern Eurasia », in Lieberman, V.B. (dir.), Beyond Binary Histories: Re-imagining Eurasia to c. 1830, Ann Arbor, University of Michigan Press, 1997, pp. 289315 Google Scholar ; Gruzinski, Serge, « Les mondes mêlés de la Monarchie catholique et autres “connected histories” », Annales HSS, 56-1, 2001, pp. 85117 CrossRefGoogle Scholar. L’expression de Shared history a été, au départ, utilisée pour l’histoire partagée de groupes ethniques différents et a ensuite été étendue à l’histoire des genres, avant d’être mobilisée dans la discussion sur les Post-Colonial studies ; cf. Stoler, Ann Laura et Cooper, Frederic, « Between Metropole and Colony. Rethinking a Research Agenda », in ID. (dir.), Tensions of Empire. Colonial Cultures in a Bourgeois World, Berkeley, University of California Press, 1997, pp. 156 Google Scholar, ainsi que Hall, Stuart, « When was the Post-Colonial? Thinking at the Limit », in Chambers, I. et Curti, L. (dir.), The Post-Colonial Question. Common Skies, Divided Horizons, Londres, Routledge, 1996, pp. 242260 Google Scholar. Pour le concept de Entangled history, voir Conrad, Sebastian et Randeria, Shalini (dir.), Jenseits des Eurozentrismus. Postkoloniale Perspektiven in den Geschichts- und Kulturwissenschaften, Francfort, Campus, 2002 Google Scholar.

5- Voir notamment Espagne, Michel, « Sur les limites du comparatisme en histoire culturelle », Genèses, 17, 1994, pp. 112121 CrossRefGoogle Scholar ; Haupt, Heinz-Gerhard et Kocka, Jürgen, Geschichte und Vergleich. Ansätze und Ergebnisse international vergleichender Geschichtsschreibung, Francfort, Campus, 1996 Google Scholar ; Charle, Christophe, « L’histoire comparée des intellectuels en Europe. Quelques points de méthode et propositions de recherche », in Trebitsch, M. et Granjon, M.-C. (dir.), Pour une histoire comparée des intellectuels, Bruxelles, Éditions Complexe, 1998, pp. 3959 Google Scholar ; Trebitsch, Michel, « L’histoire comparée des intellectuels comme histoire expérimentale », in Ibid., pp. 6178 Google Scholar ; Paulmann, Johannes, « Internationaler Vergleich und interkultureller Transfer. Zwei Forschungsansätze zur europäischen Geschichte des 18. bis 20. Jahrhunderts », Historische Zeitschrift, 3, 1998, pp. 649685 Google Scholar ; Kaelble, Hartmut, Der historische Vergleich. Eine Einführung zum 19. und 20. Jahrhundert, Francfort, Campus, 1999 Google Scholar ; Middell, Matthias, « Kulturtransfer und historische Komparatistik, Thesen zu ihrem Verhältnis », Comparativ, 10, 2000, pp. 741 Google Scholar; Werner, Michael, « Comparaison et raison », Cahiers d’études germaniques, 41, 2001, pp. 918 Google Scholar. Dernière prise de position : Lingelbach, Gabriele, « Erträge und Grenzen zweier Ansätze. Kulturtransfer und Vergleich am Beispiel der französischen und amerikanischen Geschichtswissenschaft während des 19. Jahrhunderts », in Conrad, C. et Conrad, S. (dir.), Die Nation schreiben. Geschichtswissenschaft im internationalen Vergleich, Göttingen, Vandenhoek & Ruprecht, 2002, pp. 333359 Google Scholar.

6- Sur la complémentarité entre comparaison et histoire croisée, voir Kocka, Jürgen, « Comparison and Beyond », History and Theory, 42, 2003, pp. 3944, ici pp. 42-44CrossRefGoogle Scholar.

7- L’histoire croisée s’inscrit dans un débat déjà ancien sur les rapports entre histoire et sciences sociales. Ce débat a été lancé au début du siècle dernier en France par Simiand, François, « Méthode historique et science sociale », Revue de synthèse historique, 1903, pp. 122 et 129-157Google Scholar. En Allemagne, il a été animé par Simmel et Weber, notamment à travers les travaux de ce dernier sur l’économie historique ; travaux qui, tout en s’attachant à des études de cas, raisonnent à partir de considérations épistémologiques. Pour des étapes plus récentes du débat, voir le dossier « Histoire et sciences sociales » des Annales ESC, 38-6, 1983, le numéro consacré au Tournant critique (Annales ESC, « Histoire et sciences sociales : un tournant critique », 44-6, 1989) ; Passeron, Jean-Claude, Le raisonnement sociologique. L’espace non poppérien du raisonnement naturel, Paris, Nathan, 1991 Google Scholar ; de même que Laborier, Pascale et Trom, Danny (dir.), L’historicité de l’action publique, Paris, PUF, à paraîtreGoogle Scholar.

8- Sur les débats français récents relatifs à la comparaison, voir notamment Detienne, Marcel, Comparer l’incomparable, Paris, Le Seuil, 2000 Google Scholar ; le dossier des Annales introduit par Valensi, Lucette, « L’exercice de la comparaison au plus proche, à distance : le cas des sociétés plurielles », Annales HSS, 57-1, 2002, pp. 2730, et pp. 31-157 pour les articles du dossierGoogle Scholar ; le travail collectif franco-américain sur les répertoires d’évaluation coordonné par Lamont, Michèle et Thévenot, Laurent (dir.), Rethinking Comparative Cultural Sociology. Repertoires of Evaluation in France and the United States, Cambridge, Cambridge University Press, 2000 CrossRefGoogle Scholar ; de même que Hassenteufel, Patrick, « Deux ou trois choses que je sais d’elle. Remarques à propos d’expériences de comparaisons européennes », in ID., Les méthodes au concret. Démarches, formes de l’expérience et terrains d’investigation en science politique, Paris, PUF, 2000, pp. 105124 Google Scholar.

9- Sur la comparaison des civilisations, voir Kaelble, Hartmut, Der historische Vergleich, op. cit., pp. 7992 Google Scholar, ainsi que Osterhammel, Jürgen, Geschichtswissenschaft jenseits des Nationalstaats. Studien zu Beziehungsgeschichte und Zivilisationsvergleich, Göttingen, Vandenhoek & Ruprecht, 2001 Google Scholar. Des observations analogues peuvent bien entendu être faites pour les niveaux de la nation et de la région.

10- Rappelons que déjà Marc Bloch, dans sa conférence programmatique du congrès d’Oslo, a insisté sur la nécessité d’historiciser les catégories d’analyse. Les différences induites, dans les recherches sur la féodalité, par l’usage des termes français de tenancier et allemand de Höriger offrent au comparatiste un terrain d’étude riche d’enseignements ( Bloch, Marc, « Pour une histoire comparée des sociétés européennes », Revue de synthèse historique, 4, 1928 Google Scholar, repris dans ID., Mélanges historiques, I, Paris, Éditions de l’EHESS, 1963, pp. 16-40, ici pp. 33-38).

11- Dans son texte fondateur en introduction à Ethnic Groups and Boundaries. The Social Organization of Culture Difference, Bergen-Oslo, Universitetsforlaget, 1969, pp. 9-38, Fredrik Barth insistait déjà sur la nécessité de prendre en compte l’interaction aux frontières, à partir de laquelle se définissent les traits distinctifs des entités en présence – ici des « groupes ethniques ». Mais tout en leur assignant un rôle déterminant, Barth limite les effets transformationnels de l’interaction aux processus de définition et aux caractéristiques des groupes, ne mettant nullement en question la cohésion du groupe et maintenant la frontière dans une fonction dichotomisante. Si l’ethnicité est définie aux frontières, elle est, pour Barth, toujours structurée par les principes de l’homogénéité et de la différence.

12- Elles ont déjà été exposées, en tant que difficultés propres au « raisonnement sociologique » pris entre les deux pôles de l’expérimentation et de l’historicisation, par Passeron, J.-C., Le raisonnement sociologique…, op. cit., pp. 5788 Google Scholar.

13- Pour une présentation de l’approche des transferts, voir Espagne, Michel et Werner, Michael, « La construction d’une référence culturelle allemande en France, genèse et histoire », Annales ESC, 42-4, 1987, pp. 969992 Google Scholar, et ID., « Deutsch-französischer Kulturtransfer als Forschungsgegenstand », in Espagne, M. et Werner, M., Transferts. Les relations interculturelles dans l’espace franco-allemand (XVIIIe-XIXe siècles), Paris, Éditions Recherche sur les civilisations, 1988, pp. 1134 Google Scholar. Pour des compléments apportés à travers l’étude des transferts germano-britanniques, voir Muhs, Rudolf, Paulmann, Johannes et Steinmetz, Willibald (dir.), Aneignung und Abwehr. Interkultureller Transfer zwischen Deutschland und Grobbritannien im 19. Jahrhundert, Bodenheim, Philo, 1998 Google Scholar ; pour les relations entre l’Amérique et l’Europe, voir Turgeon, Laurier, Delâge, Denys et Ouellet, Réal (dir.), Transferts culturels et métissages. Amérique/Europe (XVIe-XXe siècles), Laval, Presses universitaires, 1996 Google Scholar.

14- Pour ces différents exemples, voir, dans l’ordre d’énumération, Grenier, Jean-Yves et Lepetit, Bernard, « L’expérience historique.À propos de C.-E. Labrousse », Annales ESC, 44-6, 1989, pp. 13371360 Google Scholar ; Décultot, Élisabeth et Helmreich, Christian (dir.), «Le paysage en France et en Allemagne autour de 1800 », Revue germanique internationale, 7, 1997 Google Scholar ; le dossier dirigé par Barbier, Frédéric en collaboration avec Werner, Michael, « Le commerce culturel des nations : France-Allemagne, XVIIIe-XIXe siècle », Revue de synthèse, 113-1/2, 1992, pp. 514 et 41-53CrossRefGoogle Scholar, ainsi que Jeanblanc, Helga, Des Allemands dans l’industrie et le commerce du livre à Paris (1811-1870), Paris, CNRS Éditions, 1994 Google Scholar ; enfin Mintz, Sidney Wilfred, Sweetness and Power. The Place of Sugar in Modern History, New York, Viking, 1985 Google Scholar.

15- Cf. Dmitrieva, Katia et Espagne, Michel (dir.), Philologiques IV. Transferts triangulaires France-Allemagne-Russie, Paris, Éditions de la MSH, 1996 Google Scholar.

16- Des cas de ce type ont fait partie de l’agenda de recherche sur les transferts :Michel Espagne et Michael Werner, « Deutsch-französischer Kulturtransfer… », art. cit., p. 34, mais ils n’ont guère été suivis d’études empiriques.

17- Ce n’est que par extension que le terme prend le sens de « passer à côté de, en allant en sens contraire ». Le Robert. Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française, Paris, Dictionnaires Le Robert, 1988, p. 427.

18- Sur les fondements philosophiques d’une discussion des transformations induites par la mise en relation avec l’Autre, voir notamment Theunissen, Michael, Der Andere. Studien zur Sozialontologie der Gegenwart, Berlin-New York, Walter de Gruyter, [1965] 1981 Google Scholar.

19- Sur le métissage, voir Gruzinski, Serge, La pensée métisse, Paris, Fayard, 1999, plus particulièrement pp. 33-57Google Scholar.

20- En ce qu’elle s’intéresse aux phénomènes de transformation, l’étude des transferts aborde assurément certains aspects du changement, mais se limiter aux seuls transferts ne permet pas de rendre compte du changement radical lorsque de nouvelles choses, catégories, pratiques ou institutions voient le jour. En d’autres termes, les transferts participent dans bien des cas du changement, mais la compréhension de ce dernier ne s’épuise généralement pas dans les premiers. Il en va de même de la Connected history qui, certes, prend en considération certains aspects du changement, mais ne permet guère de le penser en tant que tel.

21- Sebastian Conrad, « La constitution de l’histoire japonaise. Histoire comparée, histoire des transferts et interactions transnationales », in M. Werner et B. Zimmermann (dir.), Histoire croisée…, op. cit., à paraître. Par ailleurs, les historiographies « nationales » générées pendant le colonialisme peuvent également être analysées en termes de croisement.

22- Kapil Raj, « Histoire européenne ou histoire transcontinentale? Les débuts de la cartographie britannique extensive, XVIIIe-XIXe siècle », in Ibid.

23- Christine Lebeau, « Éloge de l’homme imaginaire : la construction de la figure de l’administrateur au XVIIIe siècle », in Ibid.

24- L’expression « point de vue » est utilisée ici non pas dans un sens subjectif, mais au sens littéral de point d’observation qui détermine un certain angle de vue ( Weber, Max, Essai sur la théorie de la science, Paris, Plon, 1992, p. 172 Google Scholar).

25- Pierre Bourdieu a beaucoup insisté sur ce point dans l’ensemble de son oeuvre. Voir, notamment, Bourdieu, Pierre, Choses dites, Paris, Éditions de Minuit, 1987, p. 155 sq Google Scholar.

26- Au sens d’ Giddens, Anthony, New Rules of Sociological Method, Londres, Hutchingson, 1974 Google Scholar.

27- Cette question a notamment été abordée par Dakhlia, Jocelyne, « “La culture nébuleuse” ou l’Islam à l’épreuve de la comparaison », Annales HSS, 56-6, 2001, pp. 11771199, ici p. 1186 sq CrossRefGoogle Scholar.

28- Nous savons la complexité de ce type de désignation, notamment à partir du moment où les parcours de formation commencent à être de plus en plus imbriqués et prévoient des formes d’intégration qui brouillent les différentes assignations à des registres d’appartenance.

29- Ce problème est particulièrement aigu dans les sciences sociales, dont les enquêtes sont soumises à une tension permanente entre, d’une part, des procédures définies pour être objectives et constatatives et, d’autre part, une dimension normative et prescriptive, résultant du fait que le chercheur est aussi un être social. Mais de nombreuses études ont montré qu’il se posait également dans les sciences dures : cf. Latour, Bruno et Woolgar, Steve, Laboratory Life. The Social Construction of Scientific Facts, Londres, Sage, 1979 Google Scholar ; Barnes, Barry, Bloor, David et Henry, John, Scientific Knowledge. A Sociological Analysis, Chicago, University of Chicago Press, 1996 Google Scholar ; Pestre, Dominique, « Pour une histoire sociale et culturelle des sciences. Nouvelles définitions, nouveaux objets, nouvelles pratiques », Annales HSS, 50-3, 1995, pp. 487522 CrossRefGoogle Scholar, avec un état de la recherche et des indications bibliographiques nombreuses.

30- Pour le positionnement de l’approche multiscopique par rapport à la microstoria, voir notamment Rosental, Paul-André « Construire le macro par le micro : Fredrik Barth et la microstoria », in Revel, J. (éd.), Jeux d’échelles. La micro-analyse à l’expérience, Paris, Éditions de l’EHESS, 1996, pp.141159 Google Scholar.

31- Voir notamment Ginzburg, Carlo et Poni, Carlo, « La micro-histoire », Le Débat, 17, 1989, pp. 133136 CrossRefGoogle Scholar ; Levi, Giovanni, Le pouvoir au village. La carrière d’un exorciste dans le Piémont du XVIIe siècle, Paris, Gallimard, [1985] 1989 Google Scholar.

32- Gribaudi, Maurizio, « Échelle, pertinence, configuration », in Revel, J. (éd.), Jeux d’échelles…, op. cit., pp. 113139 Google Scholar.

33- Revel, Jacques, « Micro-analyse et construction du social », in ID., Jeux d’échelles…, op. cit., pp. 1536, ici p. 26Google Scholar.

34- Lütdke, Alf (dir.), Histoire du quotidien, Paris, Éditions de la MSH, [1989] 1994 Google Scholar ; Schulze, Winfried (dir.), Sozialgeschichte, Alltagsgeschichte, Mikro-Historie, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 1994 Google Scholar ; Schlumbohm, Jürgen (dir.), Mikrogeschichte – Makrogeschichte : komplementär oder inkommensurabel?, Göttingen, Wallstein, 1999 Google Scholar.

35- Zimmermann, Bénédicte, La constitution du chômage en Allemagne. Entre professions et territoires, Paris, Éditions de la MSH, 2001 CrossRefGoogle Scholar.

36- Martina Löw insiste, dans sa sociologie de l’espace, sur cette dimension relationnelle et labile des espaces composés d’objets et d’individus qui se déplacent par-delà les systèmes de coordonnées géographiques, institutionnelles, politiques, économiques ou sociales qui visent à stabiliser les espaces par l’instauration de frontières ( Löw, Martina, Raumsoziologie, Francfort-sur-le-Main, Suhrkamp, 2001 Google Scholar).

37- Pour de plus amples développements concernant les relations entre l’histoire croisée et le transnational, voir Werner, M. et Zimmermann, B., « Vergleich, Transfer, Verflechtung… », art. cit., p. 628 sq Google Scholar.

38- Pour une discussion récente de la question, voir Putnam, Hilary, Renewing Philosophy, Cambridge, Harvard University Press, 1992 Google Scholar.

39- Mariot, Nicolas et Rowell, Jay, « Visites de souveraineté et construction nationale en France et en Allemagne à la veille de la Première Guerre mondiale : une comparaison asymétrique », in Werner, M. et Zimmermann, B. (dir.), Histoire croisée…, op. cit Google Scholar.

40- Pour faire écho à une critique formulée par Revel J., « Micro-analyse et construction du social », art. cit., p. 25.

41- Passeron, J.-C., Le raisonnement sociologique…, op. cit., ici pp. 8588 et 368-370Google Scholar, est allé le plus loin dans l’analyse du défi posé par la construction du contexte, notamment pour la démarche comparative, sans pour autant avancer des propositions méthodologiques concrètes. L’histoire croisée invite, quant à elle, à lier deux niveaux de construction du contexte, celui des opérations analytiques effectuées par le chercheur et celui des situations d’action analysées.

42- Goffman, Erving, Les cadres de l’expérience, Paris, Éditions de Minuit, 1991, notamment pp. 19, 35 et 37Google Scholar. Pour une approche plus large de la notion de situation et de ses usages, se reporter à de Fornel, Michel et Quéré, Louis (dir.), La logique des situations. Nouveaux regards sur l’écologie des activités sociales, Paris, Éditions de l’EHESS, « Raisons pratiques-10 », 1999 Google Scholar.

43- Sur la théorie de l’action, nous nous référons notamment ici aux travaux suivants : Boltanski, Luc et Thévenot, Laurent, De la justification. Les économies de la grandeur, Paris, Gallimard, 1991 Google Scholar ; Pharo, Patrick et Quéré, Louis (dir.), Les formes de l’action, Paris, Éditions de l’EHESS, « Raisons pratiques-1», 1990 Google Scholar ; Ladrière, Paul, Pharo, Patrick et QUÉRÉ, Louis, La théorie de l’action. Le sujet pratique en débat, Paris, Éditions du CNRS, 1993 Google Scholar ; Lepetit, Bernard, « Le présent de l’histoire », in ID. (dir.), Les formes de l’expérience. Une autre histoire sociale, Paris, Albin Michel, 1995, pp. 273298 Google Scholar.

44- Selon un procédé proche de l’ethnographie combinatoire fondée par Isabelle Baszanger et Nicolas Dodier sur la constitution d’une « jurisprudence ethnographique » : « Totalisation et altérité dans l’enquête ethnographique », Revue française de sociologie, 38, 1997, pp. 3766 CrossRefGoogle Scholar. Pour une tentative de transposition en histoire, voir B. ZIMMERMANN, La constitution du chômage…, op. cit.

45- Voir Bödeker, Hans-Erich, Veit, Patrice et Werner, Michael (dir.), Concerts et publics. Mutations de la vie musicale 1789-1914 : France, Allemagne, Grande-Bretagne, Paris, Éditions de la MSH, 2002 Google Scholar.

46- Se reporter, sur ce point, à Giddens, Anthony, La constitution de la société, Paris, PUF, [1984] 1987 Google Scholar.

47- Pour une réinterprétation de la notion de structure en termes de schèmes et de ressources, et une réflexion sur son intégration dans une théorie de l’action et une problèmatique du changement, voir Sewell, William H., « A Theory of Structure: Duality, Agency and Transformation », American Journal of Sociology, 98-1, 1992, pp. 129 CrossRefGoogle Scholar.

48- Pour une illustration de cette double inscription, voir Rosental, Paul-André, L’intelligence démographique. Sciences et politiques des populations en France (1930-1960), Paris, Odile Jacob, 2003 (à paraître)Google Scholar.

49- Pour le XIXe siècle, la référence reste l’Historik de Droysen, ainsi que le grand projet d’une critique de la raison historique de Dilthey. Pour les débats plus récents sur la réflexivité dans les sciences sociales et sa relation avec les théories de la modernité, voir notamment Giddens, Anthony, Consequences of Modernity, Oxford, Polity Press, 1990 Google Scholar ; Beck, Ulrich, Giddens, Anthony et Lash, Scott, Reflexive Modernization, Oxford, Polity Press, 1994 Google Scholar.

50- Pour une présentation à partir d’une discussion allemande, voir Oexle, Otto Gerhard, Geschichtswissenschaft im Zeichen des Historismus, Göttingen, Vandenhoek & Ruprecht, 1996 CrossRefGoogle Scholar. Certains chapitres de ce livre sont maintenant accessibles en français : ID., L’historisme en débat. De Nietzsche à Kantorowicz, Paris, Aubier, 2001.

51- Said, Edward, L’orientalisme. L’Orient créé par l’Occident, Paris, Le Seuil, [1978] 1980 Google Scholar.

52- ID., « Between Worlds », London Review of Books, 20-9, 7 mai 1998.

53- Représentation qui, sur le plan politique, s’accompagne pour E. Said d’une entreprise de colonialisme culturel.

54- Carrier, James G. (dir.), Occidentalism. Images of the West, Oxford, Oxford University Press, 1995 Google Scholar. Il est clair cependant que cet « occidentalisme » diagnostiqué par des anthropologues britanniques – s’il existe pour de bon – ne se situe pas au même niveau que l’orientalisme analysé par E. Said.

55- Koselleck, Reinhart, Le futur passé. Contribution à la sémantique des temps historiques, Paris, Éditions de l’EHESS, [1979] 1990, pp. 191232 Google Scholar. Pour une récente mise en perspective de l’histoire des concepts, voir Bödeker, Hans-Erick (dir.), Begriffsgeschichte, Diskursgeschichte, Metapherngeschichte, Göttingen, Wallstein, 2002 Google Scholar.

56- Pour un tel travail sur les catégories, voir notamment Fradin, Bernard, Quéré, Louis et Widmer, Jean (dir.), L’enquête sur les catégories. De Durkheim à Sacks, Paris, Éditions de l’EHESS, « Raisons pratiques-5 », 1994 Google Scholar ; voir également le dossier « Hommage à Bernard Lepetit. L’usage des catégories », Annales, 52-5, 1997, pp. 963-1038.

57- Ce constat vaut également pour les recherches pluridisciplinaires.

58- Voir Danny Trom, La production politique du paysage. Éléments pour une interprétation des pratiques ordinaires de patrimonialisation de la nature en Allemagne et en France, thèse de doctorat, Institut d’études politiques, Paris, 1996.

59- Alain Desrosières rend compte de ces procédures de généralisation pour ce qui est de la catégorisation statistique ( Desrosières, Alain, La politique des grands nombres. Histoire de la raison statistique, Paris, Éditions La Découverte, 1993 Google Scholar). Pour une étude de cas, voir également Trom, Danny et Zimmermann, Bénédicte, « Cadres et institution des problèmes publics : les cas du chômage et du paysage », in Cefaï, D. et Trom, D. (éd.), Les formes de l’action collective. Mobilisation dans des arènes publiques, Paris, Éditions de l’EHESS, « Raisons pratiques-12 », 2001, pp. 281315 Google Scholar.

60- Voir Hacking, Ian, Representing and Intervening. Introductory Topics in the Philosophy of Natural Sciences, Cambridge, Harvard University Press, 1983 CrossRefGoogle Scholar ; Daston, Lorraine et Galison, Peter, « The Image of Objectivity », Representations, 40, 1992, pp. 81128 CrossRefGoogle Scholar ; pour les sciences de la culture, voir Lackner, Michael et Werner, Michael, Der Cultural Turn in den Humanwissenschaften. Area Studies im Auf- oder Abwind des Kulturalismus? , Bad Homburg, Werner Reimers Stiftung, 1999 Google Scholar.

61- Voir Bensa, Alban, « De la micro-histoire vers une anthropologie critique », in Revel, J. (éd.), Jeux d’échelles…, op. cit., pp. 3770 Google Scholar ; Berg, Eberhard et Fuchs, Martin (dir.), Kultur, soziale Praxis, Text. Die Krise der ethnographischen Repräsentation, Francfort, Suhrkamp, 1993 Google Scholar ; Trom, Danny, « Situationnisme méthodologique et histoire : une approche par induction trangulaire », in Laborier, P. et Trom, D. (dir.), L’historicité de l’action publique, op. cit Google Scholar.

62- Voir le plaidoyer convaincant en ce sens de J. Revel, « Micro-analyse et construction du social », art. cit., pp. 32-36.

63 Pour des études qui vont dans ce sens, voir Oexle, Otto Gerhard (dir.), Das Problem der Problemgeschichte 1880-1932, Göttingen, Wallstein, 2001 Google Scholar, ainsi que l’introduction, placée sous le signe de l’histoire-problème, à ID., Geschichtswissenschaft…, op. cit., pp. 9-15.

64- Pour un premier jalon dans cette direction : Oexle, Otto Gerhard, « Was deutsche Mediävisten an der französischen Mittelalterforschung interessieren muβ, in Borgolte, M. (dir.), Mittelalterforschung nach der Wende 1989, Supplément à la Historische Zeitschrift , 20, Munich, Oldenbourg, 1995, pp. 89127 Google Scholar. Par ailleurs, S. Conrad, «La constitution de l’histoire japonaise… », art. cit., montre que cette question n’est pas limitée à la seule Europe, mais intervient aussi dans les rapports entre historiographies européennes et non européennes.

65- Sur la problématique du relativisme historique par rapport au relativisme cognitiviste, voir Putnam, Hilary, Reason, Truth, and History, Cambridge, Harvard University Press, 1982 Google Scholar ; Macintyre, Alasdair, Quelle justice, quelle rationalité?, Paris, PUF, [1988] 1993, pp. 375396 Google Scholar. Enfin, sur l’histoire de l’idée de relativité historique, voir Koselleck, Reinhart, L’expérience de l’histoire, Paris, Gallimard/Le Seuil, 1997, pp. 7581 Google Scholar.

66- L’ancrage dans la dynamique des activités sociales permet de situer l’histoire croisée dans le débat sur le constructionnisme. D’une part, tous les objets de l’histoire croisée, de même que les catégories susceptibles de les décrire et les problématiques auxquelles ils renvoient, sont supposés être socialement construits. Mais, d’autre part, ceci ne signifie pas qu’ils se placent tous sur un même plan ou que leur position respective soit indifférente. Au contraire, nous formulons l’hypothèse que la configuration du croisement et l’opération intellectuelle qui lui correspond font apparaître une logique qui fait sens, précisément à partir des interactions sémantiques entre positions situées. Pris sous cet angle, le croisement fait partie des constructions sociales produisant des savoirs spécifiques ; cf. Hacking, Ian, Entre science et réalité. La construction sociale de quoi, Paris, Éditions La Découverte, [1999] 2001, pp. 5786 Google Scholar.

67- Friese, Heidrun, « Unité et histoires croisées de l’espace méditerranéen », in Werner, M. et Zimmerman, B. (dir.), Histoire croisée…, op. cit Google Scholar.

68- Nipperdey, Thomas, « Historismus und Historismuskritik heute », in Id., Gesellschaft, Kultur, Theorie. Gesammelte Aufsätze zur neueren Geschichte, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 1976, pp. 5973 CrossRefGoogle Scholar ; Blanke, Horst Walter, Historiographiegeschichte als Historik, Stuttgart, Frommann-Holzboog, 1991 Google Scholar ; Muhlack, Ulrich, Geschichtswissenschaft im Humanismus und in der Aufklärung. Die Vorgeschichte des Historismus, Munich, C. H. Beck, 1991 Google Scholar ; Rüsen, Jörn, Konfigurationen des Historismus. Studien zur deutschen Wissenschaftskultur, Francfort, Suhrkamp, 1993 Google Scholar ; Oexle, Otto Gerhard et Rüsen, Jörn (dir.), Historismus in den Kulturwissenschaften, Cologne-Weimar-Vienne, Böhlau, 1996 Google Scholar ; O.G. Oexle, Geschichtswissenschaft…, op. cit.

69- On pourra même avancer que la radicalité d’une historicisation à l’infini va à l’encontre de son propre objectif, puisqu’elle finit par dissoudre le concept même d’histoire. Pour une critique du relativisme ontologique, voir Putnam, Hilary, Renewing Philosophy, Cambridge, Harvard University Press, 1995 Google Scholar, ainsi que Hacking, Ian, Historical Ontology, Cambridge, Harvard University Press, 2002 CrossRefGoogle Scholar.

70- On ne reviendra pas, ici, sur les données fondamentales de cette question. Pour le domaine de la linguistique, où le problème des rapports entre perspectives synchronique (renvoyant à une linguistique structuraliste) et diachronique (renvoyant à une linguistique historique) a été traité de manière approfondie, on consultera Delassalle, Simone et Chevalier, Jean-Claude, La linguistique, la grammaire, l’école, 1750-1914, Paris, Albin Michel, 1986 Google Scholar.

71- Koselleck, R., L’expérience de l’histoire, op. cit., pp. 4649 Google Scholar, ainsi que ID., « Fortschritt », in Brunner, O., Conze, W. et Koselleck, R. (dir.), Geschichtliche Grundbegriffe, Stuttgart, Klett-Cotta, t. II, 1975, pp. 351423, ici pp. 390-393Google Scholar. Pour R. Koselleck, cette expérience est contemporaine de la découverte, autour de 1800, du caractère réflexif du concept d’histoire.

72- Il est possible de rapprocher de cette problématique le courant historiographique qui, déclenché par les changements intervenus, depuis les années 1970, dans la représentation des rapports entre passé, présent et avenir et les différentes manières de transcrire cette expérience du temps dans des formulations savantes, se propose d’étudier les phénomènes de temporalités différentielles en termes de « régimes d’historicité » (pour le concept de « régime d’historicité », avancé par François Hartog, Jacques Revel et Gérard Lenclud, voir en particulier Hartog, François, « Temps et histoire. “Comment écrire l’histoire de France”? », Annales HSS, 50-6, 1995, pp. 12191236 CrossRefGoogle Scholar. Il a été repris par Detienne, Marcel, Comparer l’incomparable, Paris, Le Seuil, 2000, pp. 6180 Google Scholar, et sera développé par Hartog, François, Régimes d’historicité. Expériences du temps et histoire, Paris, Le Seuil, 2003 Google Scholar. Toutefois, l’idée même de « régime » a induit que ces études se sont davantage intéressées, d’une part, à la cohérence des représentations et pratiques concernées, et, de l’autre, aux changements de régime, aux basculements des grands paramètres de base, et donc à repérer et décrire des phénomènes de rupture. En revanche, les croisements et interactions entre des ensembles historiques aux temporalités différenciées ne faisaient pas vraiment partie de l’agenda et ont été, par conséquent, peu explorés.