Il y a tout lieu d'admettre qu'au cours d'une guerre future, les moyens chimiques de combat que l'on désigne de façon générale sous le nom de gaz de guerre, seront de nouveau utilisés. En effet, il n'existe pas actuellement de bases certaines permettant d'assurer que les méthodes chimiques de combat ne seront employées à aucun prix. La question se complique encore étant donné qu'il existe toute une série de substances chimiques utilisables pour des buts de guerre mais que l'industrie emploie en temps de paix sur une large échelle et qui servent à la fabrication de produits nécessaires aux besoins de la population civile. On ne saurait nier le danger qui résulte du fait que l'on dispose de manière permanente en temps de paix du matériel utilisable en temps de guerre et que par conséquent un belligérant se trouve tenté d'avoir recours à la guerre chimique.

A la demande du Comité international de la Croix Rouge, j'ai l'honneur d'exposer ces quelques brèves considérations sur la possibilité de la récupération des aliments contaminés pour avoir séjourné dans une atmosphére intoxiquée.

L'examen de la question de la désintoxication de l'eau présuppose, comme au point de vue pratique, une connaissance suffisante de la solubilité des substances nocives dans l'eau. Des expériences effectuées à ce propos ont donné les résultats qui suivent:

1. Sulfure d'éthyle dichloré.

L'on a employé, pour les expériences, une préparation très pure. Le phénomène de la dissolution de l'ypérite dans l'eau est très lente, même lorsqu'on essaie de l'activer en ajoutant ou en remuant la solution. Le sulfure d'éthyle dichloré subit, au cours de la dissolution, une transformation chimique. La solubilité du sulfure d'éthyle dichloré non décomposé ne dépasse pas 60 mg. par litre et toute substance dissoluble dépassant cette quantité n'est plus contenue dans la solution comme telle, mais seulement sous la forme de ces produits de décomposition hydrolysés.

Se conformant aux décisions prises par la Ire session de la Commission internationale des experts, convoquée en janvier 1928 à Bruxelles par le Comité international de la Croix-Rouge (voir la page 31 de la brochure relative aux résolutions des experts), la Croix-Rouge polonaise a procédé à l'organisation et à l'instruction d'équipes de secours — dites équipes de premiers secours de la Croix-Rouge polonaise — ainsi qu'à leur dotation en matériel d'équipement.

Au cours de la 1re séance tenue par la Commission internationale des experts, à Bruxelles, en janvier 1928, cette dernière décida la création, dans différents pays, de commissions mixtes nationales, composées de représentants des autorités et des groupements sociaux intéressés.

Tous les auteurs qui se sont occupés, depuis la dernière guerre, de l'emploi des gaz de combat, sont unanimes à déclarer que la guerre chimique jouera indubitablement, dans les conflits futurs, non seulement un rôle considérable, mais décisif. Là, comme partout ailleurs, il serait vain de s'indigner de ce que l'on ne peut empêcher, mais il serait coupable de ne pas faire tout ce qui est en notre pouvoir pour nous mettre en garde contre cette terrible menace.

Parmi les résolutions prises par la Commission internationale d'experts pour la protection des populations civiles contre la guerre chimique, à Bruxelles (16–19 janvier 1928), figure la suivante:

«La Commission recommande à la Croix-Rouge d'ouvrir un concours international ayant pour objet de déterminer le rèactif idèal susceptible de dèceler la prèsence de l'ypérite». (Annexe no 5., A. Organisation de la protection collective. No 3. Protection contre les gaz persistants).