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Quelques Origines Litteraires de “Rene”

Published online by Cambridge University Press:  23 February 2021

Gilbert Chinard*
Affiliation:
The Johns Hopkins University

Extract

Avant même la publication des Mémoires d'Outre-Tombe un problème assez inquiétant s'est posé à propos de René. Sainte-Beuve n'a eu garde de l‘éviter et, tout en prenant des mines effarouchées, il n'a pas manqué de signaler que si René n'est évidemment autre que Chateaubriand, Amélie ne peut être que sa douce et mélancolique soeur Lucile qui, dans le parc de Combourg, engagea l'adolescent à se consacrer à la Muse. Tout ce que nous savons de la vie de Lucile de Chateaubriand indique cependant que l'histoire d'Amélie comporte une grosse part de fiction. Même si à l'origine l'amitié très vive qu'elle a toujours ressentie pour ce frère ténébreux a été teintée d'un sentiment plus trouble, elle n'est point entrée au couvent, si ce n'est fort tard et comme pensionnaire, non comme religieuse. Elle semble avoir ébauché a Combourg même un roman d'amour avec un gentilhomme Breton, parent éloigné de Malfilâtre, elle accepta en fin de compte le vieux M. de Caud et, après un court veuvage, fut sur le point d'épouser en secondes noces le poète Chênedollé. Avec cette superbe inconscience qui paraît si souvent chez lui, Chateaubriand aurait mêlé à des souvenirs d'enfance une passion romantique perverse, mais complètement imaginaire. II semble avoir trop aisément pensé que des lecteurs et des critiques moins informés de la réalité des choses et quelquefois plus malveillants, feraient d'eux-mêmes le départ de la vérité' et de l'embellissement dans son roman-poème autobiographique.

Type
Research Article
Information
PMLA , Volume 43 , Issue 1 , March 1928 , pp. 288 - 302
Copyright
Copyright © Modern Language Association of America, 1928

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References

1 Giraud, Passions et romans d'autrefois, Paris, 1925, p. 108.

2 Defense, p. viii; ed. Ladvocat, 1831, p. 164

3 Dans sa récente étude sur Chateaubriand (Paris. Garnier, 1927, p. 104, n. 2) M. Pierre Moreau a indiqué un rapprochement entre René et le thème de toute une lignée d'œuvres du dix-huitième siècle. Il renvoie à ce propos à l'ouvrage de M. Servais Etienne (Le genre romanesque en France depuis l'apparition de la “Nouvelle Héloise,” jusqu'aux approches de la Révolution. Paris, A. Colin, 1922, p. 308, n. 3). On trouvera chez M. Etienne une liste de quelques romans “ayant pour thème l'inceste” et publiés de 1763 à 1774. Il est douteux que Chateaubriand les ait connus. Il n'en est pas de même des ouvrages que nous allons étudier ici et qui sauf l'Homme sauvage de Mercier appartiennent à la période qui suit immediatement celle à laquelle M. Etienne s'est limité.

4 Voyages d'Anienor, ch. XX.

5 Essai sur les Révolutions, ch. xxvii, citant Chamfort.

6 Abufar (1795), Acte II, sc. vii.

7 Correspondance littéraire, VII, 299.

8 Voir cependant L. Béclard: Sébastien Mercier, sa vie, son œuvre, son temps. Paris, 1903, et G. Chinard, L'Amérique et le réve exotique, Paris, 1913, p. 413.

9 Voir Chinard, L'Exotisme américain dans l'æuvre de Chateaubriand et Revue Bleue, 21 décembre 1912 et Paul Hazard, “L'auteur d'Odérahi,” Revue de litterature comparée, juillet 1923.

10 Defense du Génie, p. v, p. 159.

11 Lettre à M. de Fonianes sue la deuxième édition de l'ouirage de Madamt de Staël.

12 Génie, II, liv. III, c V.