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Temps et Reconnaissance Chez Proust et Quelques Philosophes

Published online by Cambridge University Press:  02 December 2020

Robert Champigny*
Affiliation:
Indiana University, Bloomington

Extract

Ce titre doit être expliqué. Notre intention, en premier lieu, n'est pas de parler d'influences possibles, mais de comparer les conceptions de Proust avec celles de certains philosophes. En second lieu, notre exposé sera centré sur la question du temps. Nous ne ferons intervenir d'autres questions (sur l'art, la connaissance, la morale) qu'en tant qu'elles surgissent dans cette perspective.

Type
Research Article
Information
PMLA , Volume 73 , Issue 1 , March 1958 , pp. 129 - 135
Copyright
Copyright © Modern Language Association of America, 1958

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References

1 On ne s'étonnera donc pas que nous passions Ruskin sous silence et que nous ne disions presque rien des idées esthétiques de Proust et de Bergson.

2 L'éventail des opinions va de Kurt Jäckel (Bergson uni Proust, Breslau: Priebatsch, 1934), qui fait de Proust un bergsonien fidèle, à Micheline Sauvage (“Temps proustien et temps populaire,” Esprit, fév. 1956, pp. 230–258). Il n'est pas question, dans le cadre de cet article, de donner une bibliographie sur le sujet. Nous nous contentons de renvoyer à la documentation de l'ouvrage de Roméo Arbour, Henri Bergson et les lettres françaises (Paris, Corti, 1956), qui contient toutes les références utiles.

3 L'évolution créatice, 62e ed. (Paris, PUF, 1946), p. 316.

4 Ibid., p. 341.

5 “Ce qui ne fait rien n'est rien” (La pensée et le mouvant, 22e ed., PUF, 1946, p. 102).

6 Un passage pourrait inciter à effectuer un rapprochement entre le devenir de Proust et la durée bergsonienne, grâce à l'image du flot. (Voir A la recherche du temps periu, ed. de la Pléiade (Paris, 1954), r, 355; les numéros entre parenthèses dans la suite de l'article renvoient à cette édition.) Mais l'application de l'image est toute différente dans le passage de Proust et dans la philosophie bergsonienne.

7 C'est ce qu'a bien vu Jacques Rivière qui parle de Proust en ces termes: “Il a fait sans le vouloir exactement le contraire de ce que Bergson préconisait: sa psychologie est fondée sur la défiance envers le moi, celle de Bergson sur la confiance dans le moi” (propos rapporté par Frédéric Lefèvre, Une heure avec, 2e série, NRF, 1924, p. 98).

8 L'énergie spirituelle, 42e ed. (PUF, 1946), p. 27.

9 Ibid., p. 31. La conférence qui traite de ce sujet est de 1912.

10 C'est ce que Sartre appelle conscience non thétique de soi. Sur le terrain choisi, l'opposition entre Proust et Bergson serait aussi une opposition entre Proust et Sartre. Lorsque, dans La nausée, Roquentin déclare: “le passé est un luxe de propriétaire,” Proust est probablement visé. Notons pourtant que Sartre n'adopte pas la durée bergsonienne. Si, comme chez Bergson, le devenir sartrien peut donner lieu à création, il est, en même temps, comme chez Proust, effondrement perpétuel.

11 L'énergie spirituelle, p. 24.

12 La pensée et le mouvant, 22e ed. (PUF, 1946), p. 30

13 (NRF, 1952), ii, 229–234.

14 On se rappelle l'interview accordée par Proust à Elie-Joseph Bois, du Temps. Elle est reproduite par Robert Dreyfus dans Souvenirs sur Marcel Proust (Paris: Grasset, 1926), pp. 287–292. Proust affirme par ailleurs qu'il n'y a pas eu, de Bergson à lui, de “suggestion directe” (Correspondance générale [Paris: Pion, 1932], iii, 194–195).

15 46e ed. (PUF, 1946), p. 173.

16 L'énergie spirituelle, p. 149.

17 Cette opposition trouve un écho dans les paroles de Bergson que rapporte Floris Delattre: “L'auteur d'A la Recherche du temps perdu, estimait-il encore, n'avait point compris qu'il n'est pas d'œuvre d'art véritablement grande qui n'exalte et ne tonifie l'âme, et qui ne laisse pas la porte ouverte à l'espérance” (Bergson et Proust: Accords et dissonances [Paris: Albin Michel, 1948], p. 126). L'œuvre de Proust peut fort bien, en fait, tonifier certaines âmes, mais certainement pas une âme bergsonienne, puisqu'elle humilie le dynamique au profit du statique. Bergson rend à Proust un hommage discret en faisant à la Recherche du temps perdu une allusion amicale (La pensée et le mouvant, p. 20). Mais il ne faut pas exagérer la portée de cette allusion.

18 La pensée et le mouvant, p. 210.

19 C'est par rapport à ce pseudo-platonisme, et non par rapport à Platon, que Ernst Robert Curtius situe Proust dans son Marcel Proust, trad. Pierhal (La Revue Nouvelle, 1928).

20 Dès 1928, Raphaël Cor esquissait un rapprochement entre Proust et Schopenhauer dans son article “Marcel Proust l'indépendant,” Mercure de France (15 Mai 1928).

21 Le monde comme volonté et représentation, Livre ii, par. 37. Nous citons d'après la traduction de Burdeau (PUF, 1942), i, 200. Dans La pensée et le mouvant, Bergson dit de même des artistes: “La nature a oublié d'attacher leur faculté de percevoir à leur faculté d'agir. Quand ils regardent une chose, ils la voient pour elle, et non pour eux” (p. 152). Cette idée, courante chez les philosophes, me paraît fausse. En fait, les artistes voient bien la chose pour eux; simplement, il ne s'agit pas du même “moi.” Us voient la chose comme thème possible d'une action artistique, et non d'une action utilitaire.

22 La thèse d'un Proust spinoziste est défendue avec habileté par Henri Bonnet dans Le progrès spirituel dans l'œuvre de Marcel Proust (Paris: Vrin, 1949), ii, 242–255.

23 Bien entendu, nous laissons de côté les philosophes postérieurs à Proust qui, tels Fauré-Frémiet et Gusdorf, tiennent compte de Proust dans leurs théories sur la mémoire.

24 La répétition. Nous citons d'après la traduction de Tisseau (Paris: Alcan, 1933), p. 36.