L'intérêt d'étudier les effets des rayonnements ionisants sur les structures biologiques relève non seulement de la compréhension fondamentale des mécanismes aboutissant aux dommages radio-induits mais aussi de problèmes beaucoup plus pragmatiques que sont les irradiations accidentelles ou la radiothérapie. Parmi l'ensemble de ces études autant fondamentales qu'appliquées, les neutrons occupent une place importante, en raison de leur mode particulier d'ionisation indirecte et de leurs applications tant civiles que militaires. Cette revue a pour but de rappeler certains effets biologiques spécifiques des neutrons et les moyens biologiques de les mesurer. Ces effets sont globalement plus graves que ceux provoqués par les rayonnements de plus faible TEL (rayonnements X et g) pris comme référence, à tous les niveaux de mesure utilisés, que ce soit les aberrations chromosomiques, la survie cellulaire ou la carcinogénèse. Cette différence est vraisemblablement liée à la densité du dépôt d'énergie dans les cibles vitales de la cellule, et à l'absence de variations significatives liées à l'oxygénation, au débit de dose ou au fractionnement. De tels effets délétères à considérer en cas d'accident de criticité peuvent paradoxalement devenir des avantages en cas d'irradiation thérapeutique.