Le Jôri est un système agraire établi au milieu du VIIe siècle dans le but de faciliter l'application de la loi du handen-shûju. Cette loi, établie par la Cour impériale de Yamato, décrétait que les terres cultivées seraient redistribuées entre les paysans tous les six ans. L'analyse du Jôri est un problème important pour l'historien japonais ; par l'influence qu'il a exercée sur l'habitat et sur le paysage rural actuels, il présente aussi un intérêt géographique de premier ordre.

Bien que ce système fût en vigueur dès une époque très ancienne, l'étude n'en a été faite que récemment : le Shûkaishô, collection de notes sur les rites et les usages du XIVe siècle, comporte de simples références au Jôri. Puis Motoori et Kitaura, historiens de la fin de la période d'Edo (1603-1867), lui consacrèrent quelques études.

La Présente Étude entend mettre en lumière les problèmes communs à l'Histoire et aux recherches sur les arts de l'Afrique Noire; il s'agit de montrer l'existence de problèmes, qu'il est nécessaire de poser, ne serait-ce que pour établir la mesure juste de l'isolement africain : isolement dont on a fait trop souvent le caractère principal de l'Afrique. Nous ne nierons pas pour autant, disons-le tout de suite, l'originalité des cultures noires : en réaction contre les tentatives qui visaient plus ou moins volontairement à déposséder les Noirs africains de toute originalité culturelle, une certaine méfiance s'observe aujourd'hui à l'égard de quiconque vise à définir des réseaux d'influences ou d'échanges possibles.

Les mouvements d'émigration protestante au XVIe siècle, tant au moment des premières persécutions, qu'au lendemain de la Saint-Barthélémy et durant les guerres de Religion, n'ont jamais été étudiés de façon systématique. Sans doute n'ont-ils pas l'importance numérique du grand exode qui suivit la Révocation de l'Edit de Nantes. Ils méritent néanmoins de retenir l'attention des historiens, et la publication du Livre des Habitants de Genève pour les années 1549-1560 nous le prouverait s'il était nécessaire; la ville de Genève, à ce moment-là, a été la terre d'accueil de tous ceux qui fuyaient les cent formes de la persécution.

Scientifiquement Parlant, il n'est d'histoire sociale que quantitative. Sur ce point, l'accord est quasi unanime. Mais il faut trouver, puis exploiter des documents qui, susceptibles d'être comptés, soient néanmoins assez complexes pour rendre compte de la variété des structures et des situations professionnelles ou familiales, des fortunes, ainsi que des genres de vie et de la psychologie particulière des groupes. Car tout se tient. Les statistiques et dénombrements que nous a légués le passé, à la fois indispensables et insuffisants, ne répondent qu'imparfaitement à nos exigences. Beaucoup ont été détruits. Ceux qui subsistent, fiscaux ou démographiques, le plus souvent, décrivent — à l'exclusion des autres — certains aspects de l'histoire sociale ; ils laissent donc dans l'ombre des questions essentielles et finalement ne permettent pas de dégager des liaisons de cause à effet ou pour le moins des antécédences.

Dans Tous les Etats Marxistes se pose pour les différentes religions le problème de leurs conditions d'existence. Comment hiérarchies et fidèles le comprennent, comment ils réagissent, la question est capitale ; et nous n'avons le plus souvent que des plaidoyers passionnés comme réponses. Les pages qui suivent sont un essai d'approche scientifique. Appuyées sur les statistiques et sur plusieurs voyages d'études, il leur manque toutefois ces enquêtes précieuses dont Gabriel Le Bras fut en Occident l'initiateur. Certains en Yougoslavie commencent à en sentir l'urgence : on ne peut qu'y applaudir.

L'invitation de Fehnand Bracdel à discuter les questions de temps et de méthode, en Histoire et dans les Sciences sociales, mérite une large réponse, et ceci en dépit de la stérilité de tant de débats déjà soutenus sur ce thème, en dépit de la grande réserve, de la délicatesse, qu'on doit apporter dans une telle discussion. Chacun de nous cherche à faire avancer la science sur un front limité, en saisissant et ordonnant tant bien que mal une petite part de vérité. Nos efforts individuels, si restreints, si gênés soient-ils par les limites de nos connaissances et de nos moyens, méritent le respect ; mais les leçons que chacun de nous tire de ses expériences personnelles, ne peuvent et ne doivent toucher les autres que d'une façon marginale.

De L'Ouvrage que j'ai publié, il y a deux ans : Baroque et classicisme, M. Pierre Francastel a présenté, dans un récent numéro des Annales, une critique où il a dosé des éloges que j'accueille comme des. encouragements et des objections auxquelles sa courtoisie et la bonnegrâce de M. Fernand Braudel m'invitent à répondre. Il a émis quelques opinions que je voudrais, à mon tour, discuter. Le tout dans ce climat d'estime réciproque et .de sérénité auquel nous attachons l'un et l'autre le plus grand prix. Pourquoi dissimulerais-je, en outre, ma satisfaction de retrouver, après une trentaine d'années, l'hospitalité de ces Annales dont je suis fidèle lecteur et que la bienveillance de Marc Bloch avait jadis ouvertes à l'un de mes premiers articles ?

Les textes, ou plutôt les extraits que nous donnons ci-dessous, se rapportent l'un à l'Italie et à la Turquie de 1525, les autres à l'Espagne et à l'Amérique du XVIe siècle : 1558, 1575, 1580. Un lien fragile unit ces témoignages psychologiques assez curieux, à demi-révélateurs de mentalités, de prises de conscience. Le premier est extrait d'une lettre commerciale vénitienne qu'avait copiée pour moi le Dr Salvatore Carbone, alors archiviste à Z'Archivio di Stato de Venise. Le second et le troisième sont des notes prises par moi, en 1950, dans la correspondance de Simon Ruiz à J'Archivo Provincial de Valladolid. Les quatrième et cinquième documents, qui mettent en cause Philippe II luimême, ont justement retenu l'attention d'un jeune historien, J. Gentil da Silva, Chargé de Recherches au C.N.R.S.

En 1937, puis en 1952, Armando Sapori, le grand historien du moyen âge italien, réussissait à sauver, par son opportune intervention, une importante partie d'un précieux fonds d'archives toscanes sur le point d'être envoyé au pilon. Grâce aux contributions généreuses de la Banca Commerciale Italiana, puis de la Banca Nazionale del Lavoro, ce fonds fut acheté et transporté de Florence à Milan. A l'heure actuelle il peut être examiné à l'Institut d'Histoire économique de l'Université Bocconi (dont le Directeur est précisément Armando Sapori, Recteur de l'Université) ; il y a été recueilli, rangé, catalogué par l'auteur de ces notes et le Docteur Serge Groppi ; l'un et l'autre ont travaillé de longues années à la mise en place de ces abondantes richesses.

Le problème de la situation matérielle des curés à la veille de la Révolution est, à l'heure actuelle, un des plus importants à élucider dans le cadre des recherches sur la société française à la veille de la Révolution ; les Annales ont publié récemment quelques éléments d'information surce sujet, sous la signature de Paul Leuilliot. Nos recherches dans le fonds de l'Ordre de Malte (grand prieuré de Saint-Gilles), aux Archives départementales des Bouches-du-Rhône, nous permettent de verser au débat quelques éléments d'information.

Il est temps de sonner le tocsin. L'un après l'autre, de beaux et de bons ouvrages paraissent, à l'étranger, sur la Protohistoire de la France. Ils révèlent l'ampleur, la méthode, les moyens matériels d'enquêtes organisées hors de France, et qui exploitent depuis des dizaines d'années nos richesses archéologiques nationales.

Depuis longtemps, les savants étrangers nous ont avertis. Gordon Childe ne manquait pas de signaler que, sur les cartes protohistoriques de l'Europe, la France était un vide blanc. La revue anglaise Antiquity nous a, plus d'une fois, mis en demeure de faire cesser notre carence. Maintenant d'autres que nous ont compris la leçon : nous devenons tout doucement terre coloniale.

Voici dix ans qu'est parue l'étude de B. Porchnev, Professeur à l'Université de Moscou, sur les soulèvements populaires en France, de 1628 à 1648. Certains historiens ont pu prendre directement et aussitôt connaissance de ce livre essentiel, dans l'édition originale. D'autres, comme le signataire de ces lignes, ont lu attentivement les excellents et nombreux documents en français qui accompagnent l'édition russe, puis le texte même de notre collègue soviétique dans la traduction allemande parue à Leipzig en, 1954, et qu'il nous a été donné d'obtenir plus ou moins vite.

Le lot d'ouvrages que la présente note se propose de signaler à l'attention du lecteur n'est disparate qu'en apparence. Travaux généraux dus à des économistes, monographies d'historiens ou de géographes, toutes ces études s'étayent mutuellement et aident à mieux comprendre ce milieu déconcertant qu'est le monde rural.

Trois traités d'économie rurale parus en France en trois ans : c'est assez dire le regain d'intérêt dont jouit en ce moment l'agriculture dans notre pays, à la veille de l'ouverture d'un Marché Commun, qui est susceptible de la relancer vigoureusement.