Le rapport de la Société de la Croix-Rouge de la République Argentine pour l'exercice 1899 dénote une période de calme absolu.

L'activité de la Société s'est manifestée toutefois par la part active qu'elle a prise au sauvetage des victimes de deux inondations: l'une à Patagones, l'autre à Buenos-Ayres. Le président de la Société, M. Bartolomé Novaro, constate avec regret que depuis que ces deux sinistres ont pris fin, le zèle qui, à un moment donné, avait animé les membres de la Croix-Rouge argentine, s'est beaucoup refroidi et il adresse de chaleureuses exhortations à ses auditeurs pour les engager à ne pas retirer leur concours à la Société, mais à faire au contraire tous leurs efforts pour y attirer les personnes connues pour leurs sentiments généreux.

Nous lisons dans le numéro d'octobre 1899 du Bulletin de la Croix-Rouge française:

« Le Conseil central a été douloureusement ému en apprenant la mort si soudaine de M. le marquis de Vassart d'Hozier, un de ses membres les plus dévoués et les plus sympathiques.

« Le marquis de Vassart d'Hozier, ancien ingénieur en chef du corps des mines, officier de la Légion d'honneur, avait fait partie de la commission militaire supérieure des chemins de fer au ministère de la guerre, sous la présidence de M. le général de la Jaille; il en avait été un des membres les plus actifs, et, dans maintes circonstances, la Société a pu apprécier sa haute compétence dans les questions militaires qui la concernent.

Dès que les événements qui se sont déroulés en Chine eurent révélé que la lutte serait longue et meurtrière, les Croix-Rouges des nations intéressées s'émurent et se mirent en devoir de porter secours de toute manière aux victimes de la guerre. Nous rassemblerons sous la rubrique des pays respectifs, les détails que nous avons pu recueillir sur l'activité déployée par les Croix-Rouges des différents Etats.

L'expérience des dernières guerres et l'emploi des nouveaux projectiles a prouvé toute l'importance du premier pansement fait sur le champ de bataille et dans les postes de secours. On sait, d'autre part, que, parmi les blessures les plus fréquentes qui se présentent au médecin, lors du premier pansement, ce sont les blessures osseuses des extrémités qui attirent particulièrement son attention, puisque du pansement fait à ce moment, dépendra aussi bien la promptitude de la guérison, ainsi que sa qualité quant à l'utilisation subséquente du membre atteint, que, d'autre part, les facilités d'évacuation des blessés, point qui est fort important dans les conditions actuelles de la guerre. Mais l'immobilisation d'un os fracturé n'est pas chose très facile quand le temps presse, et plus d'un appareil enlevé après solidification de la cicatrice osseuse en a donné la triste conviction. Tout matériel donc, qui contribuera à améliorer ce premier pansement inamovible sera accueilli avec grande satisfaction par le chirurgien militaire, surtout si ce matériel est d'un emploi simple et se prête en même temps aux nombreuses indications résultant de la grande variété des cas. Les lames de fer blanc et le fil télégraphique, employés assez généralement à cet usage à l'armée, ont des inconvénients incontestables. Le fer blanc est peu flexible et malaisé à appliquer dans nombre de cas, il est difficile aussi à couper et se rouille dans les pansements. Le fil télégraphique, d'autre part, manque de solidité et les extrémités noyées dans les pansements plâtrés ne tardent pas à devenir mobiles. Enfin, les attelles préparées de matériels divers avec plâtre sont généralement peu pratiques, elles sont lourdes, difficiles à adapter à bien des formes de fractures, elles sèchent lentement, sont d'un transport malaisé, etc.

Le ministère de la guerre vient de publier une instruction sur l'utilisation, en temps de guerre, des ressources du territoire national pour l'hospitalisation des malades et des blessés de l'armée. Cette instruction vise tout spécialement les hôpitaux temporaires établis dans les lycées, collèges, pensionnats, asiles, grands hôtels meublés, qui, possédant déjà des objets de couchage, un matériel de cuisine, etc., peuvent être facilement transformés en hôpitaux, s'ils remplissent d'ailleurs les conditions hygiéniques requises pour cette destination.

La composition de la Société autrichienne est restée la même que l'année précédente; elle renferme; le Comité central de Vienne, la Société patriotique pour la basse-Autriche, 23 sociétés régionales d'hommes ou de dames, et 450 sections. L'Association des dames de Moravie s'est fusionnée avec la Société régionale de cette province, et celles de Silésie et de Freiwaldau se sont réuntes pour n'en former qu'une seule.

L'année 1899 s'est signalée par des progrès intéressants accomplis au sein de la Société badoise des Dames. Trois solennités l'ont marquée: la conférence réunie à Heidelberg des sociétés de secours et d'assistance des dames; le jubilé de 25 ans de la fondation de l'école Louise et la célébration de son 40me anniversaire d'existence. A l'occasion de cette solennité, elle a eu la joie de voir encore à sa tête sa fondatrice vénérée, l'archiduchesse Louise. Elle entendit également dans cette réunion, où. le secrétaire général rendit compte du développement de la société, un discours du Dr Battlehner sur le concours hospitalier que pouvaient apporter les dames dans la lutte contre la tuberculose.

En vue de donner aux décisions de la Conférence de Vienne une réalisation pratique dans son champ d'activité, la Société autrichienne avait nommé un comité composé des personnes les plus compétentes et chargées d'examiner les résolutions prises et de chercher le meilleur moyen pour la Société de les mettre à exécution. Ce comité, dont faisaient partie entre autres, MM. Carl Kraus, le comte Hoyos-Sprinzenstein, Ritter von Arneth, etc., a tenu une série de séances d'où sont sortis les vœux que nous indiquons ci-dessous. Nous résumons d'abord, entre parenthèses, les objets des délibérations de la Conférence en reproduisant le numèro d'ordre de la question, pour les faire suivre des motions correspondantes émises par ce comité.

Depuis que la Conférence de la Haye a étendu l'application de la Convention de Genève aux guerres navales, un nouveau champ d'activité s'est ouvert devant les sociétés de la Croix-Rouge qui, dans leurs dernières conférences internationales, avaient témoigné une réelle impatience de pouvoir y entrer. Nous croyons donc leur rendre service en mettant sous leurs yeux les deux documents ciaprès, venus à notre connaissance et propres à leur fournir d'utiles indications.

Nos lecteurs trouveront dans des articles séparés ce que les sociétés de la Croix-Rouge de divers Etats européens ont fait en vue de soulager les maux de la guerre de Chine. Nous résumons ici quelques faits isolés qui sont parvenus à notre connaissance relativement à l'activité secourable déployée en cette même occurence.

Par décision du 11 mars 1900, l'empereur François-Joseph a relevé de ses fonctions de haute protectrice de la Société autrichienne de la Croix-Rouge, sa belle-fille la princesse Stéphanie, veuve de l'archiduc Rodolphe, laquelle avait reçu cette charge en 1898, et a appelé sa fille l'archiduchesse Marie-Valérie à lui succéder.

Dans noire dernier Bulletin, nous donnions une analyse succincte d'une instruction pour les colonnes de transport de blessés publiée par la Société autrichienne de la Croix-Rouge. Celle-ci vient de faire paraître un nou veau manuel concernant ses lazarets militaires.

Ces lazarets sont créés par la Société autrichienne pour seconder les institutions sanitaires officielles. Ils ont, comme les hôpitaux officiels, pour destination de recueillir les blessés des armées en campagne et de leur offrir l'hospitalisation que leur état requiert. Chacun d'entre eux est conçu pour recevoir 200 patients.

A l'occasion de l'Exposition universelle de 1900, le ministre du Commerce a institué un Congrès international de sauvetage et des premiers secours, lequel, par son importance et les questions qui y seront traitées, est destiné à contribuer au développement de l'œuvre humanitaire poursuivie par les Sociétés de sauvetage et de secours.

Comme toujours, la mort est venue faire des vides nombreux parmi les vétérans de la Croix-Rouge, lesquels ont dû être remplacés par des figures nouvelles. A côté de cette constatation mélancolique que le cours des événements ramène chaque année, le dernier exercice a présenté plusieurs faits réjouissants et dignes de remarque, tels que la fondation de nouvelles sections à Plattling et à Lindau, le changement de nom de la Société, conformément à la décision de la dernière assemblée générale, le nom plus court et plus généralement adopté de Société de la Croix-Rouge étant définitivement adopté, et d'autres que nous allons indiquer brièvement en analysant le rapport lu à l'assemblée du 23 mai 1899.

Le gouvernement de l'Etat indépendant du Congo a adressé au Comité directeur de l'Association congolaise et africaine de la Croix-Rouge un rapport insistant sur la nécessité d'étendre l'action de la Croix-Rouge sur le Haut-Congo, et de créer à Léopoldville et à Bumba des établissements sanitaires semblables à celui qui existe à Boma.

La Croix-Rouge ayant pour mission, en temps de paix, de tout mettre en œuvre pour faciliter, au jour de la mobilisation, la tâche du service sanitaire officiel, elle doit se préoccu per aussi du service de l'alimentation, lequel joue un rôle important dans le soin des blessés et malades. Le Dr Joseph Kuhn, membre du Comité central autrichien, s'est beaucoup intéressé à cette question de l'alimentation et vient de publier sur ce sujet deux nouveaux opuscules. Président de la première Société viennoise des cuisines populaires, l'auteur a fait dans ce champ d'observation un certain nombre d'expériences qu'il consigne dans sa brochure afin d'en faire profiter les Sociétés de la Croix-Rouge. A l'instar de ce qui se fait dans le domaine de l'hospitalisation, des apprenties cuisinières sont formées d'après un plan rationnel et sous une direction éclairée. Après un cours de cinq ou six mois, terminé par un examen théorique et pratique et un stage de deux ou trois ans dans un établissement, ces élèves sont à même de diriger convenablement le service alimentaire de n'importe quelle institution hospitalière. C'est ainsi que cette Société viennoise des cuisines populaires a pu s'engager à assurer, en cas de guerre, le service des deux grands hôpitaux de réserve prévus pour cette éventualité. Elle se trouverait également à même de fournir par jour la nourriture règlementaire pour 5000 hommes. Elle pourra rendre aussi de grands services en fournissant une nourriture saine et â bon marché aux familles dénuées des mobilisés. Par une étude constante des améliorations réalisables, le Dr Kuhn a réussi à introduire peu à peu dans ce domaine des appareils perfectionnes, tels que marmite à manomètre, appareil pour transporter les mets en les conservant chauds, etc. Ces facilités dans l'alimentation ont leur répercussion directe sur le traitement des malades, en permettant de les disséminer plus facilement, de les isoler en cas d'épidémie et d'éviter la contagion et la diffusion de la maladie.