L'opposition que l'on établit entre une criminologie de l‘étiquetage et une criminologie du passage à l'acte, ou de la personnalité criminelle, constitue sans doute une réalité. Mais il nous paraît utile de rechercher ce que cette réalité recouvre, et s'il est indispensable d'accepter ce clichage. Nous trouvons une occasion de le faire en nous posant une question sur l'attitude clinique du criminologue belge E. De Greeff, dont les ouvrages, depuis peu, commencent à être réédités (1). Son attitude clinique, en effet, ne manque pas d‘être ambiguë. On est frappé par une contradiction apparente : si nous appelons déviant celui dont le comportement se situe en dehors des normes habituelles et qui, pour cette raison, fait l'objet d'une attention particulière de la société (le malade mental, le délinquant, l'homosexuel, etc.), nous relevons dans son œuvre autant de passages dans lesquels il insiste sur l'existence d'une identité fondamentale entre tous les hommes, qu'ils soient déviants ou non, que d'autres dans lesquels il relève le fait qu'une différence radicale sépare les premiers des seconds.