Cette étude a pour base principale les documents de la Gëniza du Caire : immense trésor de contrats, d'actes de tribunaux, de lettres et de comptes, s'échelonnant du Xe au XIIIe siècles, et conservés à l'origine dans une synagogue de Fustât, ou le Vieux Caire. La plupart des personnages mentionnés dans ces documents sont des Juifs. Aussi le titre général que nous donnons à cet article nécessite-t-il une explication. Comme nous le montrerons, il n'existait alors en Egypte ni ghetto professionnel ni ghetto physique : pas de concentration forcée de Chrétiens ou de Juifs dans des quartiers séparés. Certes, chaque groupe socioreligieux avait jusqu'à un certain point une préférence pour des professions déterminées (comme c'est encore le cas aujourd'hui pour quelques minorités aux États-Unis), mais sans qu'il y eût de cloisons étanches entre les métiers.